Publié le Mardi 9 juin 2015 à 13h55.

Essai : La Violence des riches, Chronique d’une immense casse sociale

De Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot. La Découverte, 2014 (réédition), 10 euros. Acheter sur le site de la librairie La Brèche.

Le couple de sociologues, anciens directeurs de recherche au CNRS, Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot publiait en 2013 un ouvrage sur l’impunité des classes dominantes en France, fruit d’une enquête minutieuse menée ces dernières années. Ce livre vient d’être réédité, avec l’ajout d’une postface inédite des deux chercheurs, l’occasion de faire le point sur les réactions qu’a suscitées la publication du livre dans les médias acquis au pouvoir, ainsi que le bilan d’une année de néolibéralisme supplémentaire sous le gouvernement Hollande.

Argent, pouvoir et surtout leurs alliances objectives, constituent toujours les thèmes de recherche récurrents des auteurs. De l’évasion fiscale à la répartition sociale de l’espace urbain en passant par les mécanismes (y compris psychologiques) de la domination, le livre écrit à deux mains s’attache à montrer les manifestations pluriformes du mépris de classe. Après la publication en 2010 du Président des riches qui s’attaquait au réseau politico-financier soutenant et tirant profit de la politique de Sarkozy, l’analyse vise à mettre en évidence le « règne » d’une oligarchie sous la présidence de François Hollande. La majorité électorale a changé, le constat reste le même... Le gouvernement actuel est lié aux mêmes puissances financières, familles prestigieuses et énarques qui traînaient déjà dans le sillage de l’UMP.

Au-delà de l’aspect anecdotique que pourrait revêtir le tissage des liens familiaux des grandes fortunes et dirigeants (d’entreprises comme politiques) par les sociologues, se dessinent progressivement les mécanismes implacables de la reproduction sociale. L’écriture est précise, concrète, incisive. En bref, si l’on connaît déjà les ressorts politiques qu’ils tendent à mettre au jour, les preuves accablantes qu’ils nous livrent ne peuvent que verser de l’eau à notre moulin.

Sophie Coudray