Publié le Jeudi 26 décembre 2013 à 12h43.

Essai : L’art n’est pas libre, il agit. Écrits sur la littérature (1913-1948) de Alfred Döblin

« C’est seulement dans les États libéraux modernes, ceux qui se sont voués au commerce, à la banque et à l’industrie, au capital et à l’armée, que pouvait s’implanter cette parole de mépris : “L’art est libre”, c’est-à-dire complètement inoffensif, ces messieurs et mesdames les artistes peuvent bien écrire et peindre ce qu’ils veulent ; nous relions cela en cuir, y jetons un œil ou l’accrochons au mur, nous fumons là-dessous nos cigarettes, les tableaux intéressent aussi éventuellement le commerce de l’art. L’art est lui-même responsable de l’impudence dont il est la victime, car la plupart de ses représentants ne méritent plus depuis longtemps le nom d’artistes. » L’actualité de ces propos de Döblin, l’année même de Berlin Alexanderplatz, 1929, en pleine « résistible ascension » du parti nazi, forme l’un des nombreux intérêts de ces essais qui ont aussi inspiré Brecht.

Gilles Bounoure

Essai : L’art n’est pas libre, il agit. Écrits sur la littérature (1913-1948) de Alfred DöblinAgone, 2013, 22 euros.