Publié par la militante révolutionnaire Flora Tristan en 1843, cet ouvrage est désormais disponible sur Gallica.fr. Sa lecture est facile et gratuite sur le web. L'intérêt principal de ce petit livre est de prêcher l'union des prolétaires et des femmes contre la société de classe et l'ordre patriarcal. Flora Tristan, influencée par la doctrine de Saint-Simon et la militante féministe Mary Wollstonecraft, poussa son engagement révolutionnaire jusqu’à tenter pour la première fois de susciter l’union organisée des prolétaires, à travers un tour de France et ce petit livre : l’Union ouvrière, qui connut alors un grand succès. Femme libre, partisane du divorce et des droits des femmes à disposer d’elles-mêmes, elle est également l’auteure des Pérégrinations d’une Paria. Avant Marx, on trouve chez elle une première approche de la lutte des classes, intrinsèquement liée à la lutte des femmes pour leur émancipation. Pour l'auteure la seule issue pour établir l'égalité entre les hommes et les femmes passe par la destruction de la société de classes. Elle écrit : « Jusqu'à présent, la femme n'a compté pour rien dans les sociétés humaines. Qu'en est-il résulté ? Que le prêtre, le législateur, le philosophe, l'ont traitée en vraie paria. […] De même, pendant six mille ans, les sages des sages ont porté un jugement non moins terrible sur une autre race de l'humanité : les prolétaires […] Or donc, tâchez de bien comprendre ceci : la loi qui asservit la femme et la prive d'instruction, vous opprime, vous, hommes prolétaires ».À l'heure où le pouvoir socialiste communique sur l'égalité salariale entre hommes et femmes tout en appliquant une politique de droite qui brise les droits des salariés, cette lecture rafraîchissante offre un démenti cinglant. De ce fait, l'Union ouvrière est une lecture actuelle, utile et salutaire, en dépit du siècle et demi qui nous sépare de sa première publication.
Essai : l'Union ouvrièrede Flora Tristan, Gallica.fr, gratuitT. Schoumaker