Publié le Lundi 20 juin 2016 à 11h58.

Essais : Manger autrement

Nous voulons arrêter de polluer la planète, arrêter la production d’énergie nucléaire, arrêter le bruit, le stress, retrouver une vie saine et conviviale où le travail sera partagé et chacun recevra selon ses besoins ? Ce ne sera pas facile mais nous pouvons d’ores et déjà « tendre vers » dans notre vie quotidienne. Faire aujourd’hui ce que l’on croit et ce que l’on veut.

Cela peut sembler dérisoire de trier ses déchets quand tant de capitalistes polluent, détruisent les terres agricoles et brûlent du kérosène dans leurs jets privés et leurs yachts, mais s’il n’y en a pas qui commencent... Pierre Rabhi et ses Colibris ne disent pas autre chose mais ils n’arrivent pas à le mettre en musique. L’exemple ne suffira pas, il faut lier les luttes. Mais rien ne nous empêche de nous faire du bien tout de suite...

Il y a une chose que nous faisons tous, tous les jours, c’est manger. Pour manger, il faut d’abord produire de la nourriture, et là nous pouvons agir aujourd’hui, chacun de nous, avec un petit effort pour changer nos habitudes. Notre santé va y gagner tout de suite, la planète aussi, et pas d’illusion, le capitalisme vert aussi. Mais son tour viendra !

Produire de la nourriture, dans le système actuel, c’est répandre des pesticides et des engrais issus de l’industrie pétrochimique, punissant de divers cancers les agriculteurs, c’est enfermer des animaux dans des prisons, les tuer – parfois dans des conditions atroces pour eux, toujours pour ceux qui font le boulot. Le marketing et la publicité se chargent ensuite de vendre les produits de ce système à de futurs obèses ou à des travailleurs sous-payés qui ne peuvent plus se payer des produits frais et de qualité.

Tout repenser, et tout changer !

Pour s’en sortir il faut tout repenser, changer de paradigme pour reprendre l’expression à la mode.

À commencer par passer de l’agriculture industrielle, mécanisée, extensive, polluante, destructrice et mondialisée, à une agriculture de proximité, biologique, respectant les saisonnalités, recréant les paysages, liant les différentes cultures et élevages, créant des emplois et des complémentarités entre agriculteurs.

Arrêter l’élevage industriel et promouvoir la consommation modérée de protéines animales et l’alimentation végétarienne, capable de nourrir des milliards d’êtres humains sans consacrer toutes les terres à des ­animaux souffrants.

Apprendre à cuisiner autrement, acheter du frais, manger de saison ou conserver par lacto-fermentation au lieu de faire tourner les congélateurs, associer céréales, légumineuses et oléagineux pour remplacer la viande, se rappeler que pour faire du gruyère râpé, il faut du lait, et pour le lait, il faut un veau qui devient donc un sous-produit du lait et part à l’abattoir.

Ne pas oublier que notre pouvoir est dans notre porte monnaie : nos achats doivent refléter nos choix politiques ! Ce n’est pas à la publicité de nous dire quoi manger. Ce sujet mériterait un dossier plus qu’un article, mais heureusement, il remplit de plus en plus les rayons des librairies.

Catherine Segala

 

À lire...

La révolution d’un seul brin de paille, Masanobu Fukuoka, Guy Frédaniel Éditeur, 15 euros

Changeons d’agriculture, Jacques Caplat, Actes Sud, 17 euros

Pistes pour une agriculture écologique et sociale, Laurent Garrouste, Laurence Lyonnais et Roxanne Mitralias, Syllepse, 8 euros

Manuel d’apprentissage pas à pas de la permaculture, Rosemary Morrow, Éditions Imagine un colibri, 30 euros

Guide du nouveau jardinage : sans travail du sol, sur couvertures et composts végétaux, Dominique Soltner, Terran édition, 25 euros

Des vers de terre et des hommes : découvrir nos écosystèmes fonctionnant à l’énergie solaire, Marcel Bouché, Actes Sud, 25 euros

Sucre, sel et matières grasses : comment les industriels nous rendent accros, Michael Moss, Calmann-Lévy, 19,90 euros

Bidoche : l’industrie de la viande menace le monde, Fabrice Nicolino, Actes Sud, 9,70 euros

La consommation engagée, Sophie Dubuisson-Quellier, Presses de Sciences Po, 10 euros

Manger bio c’est pas du luxe, Lylian le Goff, Terre Vivante, 17 euros

Vive la malbouffe, à bas le bio, Labbé, Porquet, Recasens et Wozniak, Hoëbeke, 16 euros

Le manuel de cuisine alternative, Gilles Daveau, Actes Sud, 22 euros

Ces ferments qui nous veulent du bien, Claudia Lorenz-Ladener, Le Rouergue, 22 euros

Voir aussi : http ://www.anti-k.org/2016/04/1…