À travers trois expositions, des performances et autres événements, la Maison populaire de Montreuil retrace l’histoire des « sorcières ».
Jusqu’au 7 avril 2012, la Maison populaire de Montreuil propose le premier volet d’une exposition, Plus ou moins sorcières qui présente la figure de la sorcière comme métaphore de l’altérité. L’exposition est envisagée en trois volets qui vont s’enchaîner jusqu’au deuxième semestre 2012. Des soirées de débats, de performances ponctuent l’initiative. Ainsi, le 23 mars à 20 heures, un solo chorégraphique, Écran somnambule, est proposé et sera suivi d’une discussion avec une historienne de la danse et de films courts proposés par Latifa Laâbissi. Puis, le 28 mars, Vieille Femme salie est un événement présenté par Caroline Darroux, ethnographe et porte-voix, en collaboration avec l’artiste Marie Preston. La soirée cherche à « tendre le miroir où se reflètent des vieilles, reléguées à la marge car dérangeant nos petites habitudes et la grande histoire contemporaine. Chercher, rencontrer, parler, agir, écrire pour montrer ces visages rendus invisibles par la norme. Faire entendre leur voix inouïe, puis regarder enfin le monde avec ces autres yeux. Passer de l’autre côté. »
L’idée de l’exposition est venue de la revue Sorcières, dont le premier numéro est sorti en 1975. Fondée par Xavière Gauthier, il s’agit d’une revue littéraire et artistique qui cherche à transformer l’image de la sorcière – « de la sorcière solitaire aux sorcières solidaires » écrit Xavière Gauthier – en retraçant, en 2002, l’histoire de Sorcières dans Les Cahiers Masculin/Féminin, Sorcières et sorcellerie, publiés aux Presses universitaires de Lyon. Cette revue se situe dans le sillage du courant « essentialiste » du mouvement féministe post-1968 centré sur la parole des femmes entre elles, la volonté de développer une « écriture féminine » qui fait le lien entre le corps, la voix et le langage dans une logique d’affirmation du maternel-féminin.
L’exposition reprend donc tantôt des textes, tantôt des gravures représentant des sorcières comme des monstres, mais aussi la miniature d’une maquette montrant des photographies d’intérieur de femmes considérées encore aujourd’hui comme des sorcières dans un village du Morvan dans le centre de la France. Elle cherche à mettre en avant les ambivalences, les attributs, différents aspects de la figure de la sorcière.
La visite collective de l’exposition organisée par la commission intervention féministe de la région parisienne a donc été l’occasion de faire le point autour de la figure de la sorcière, ce qu’elle signifiait en fonction des périodes, de l’époque classique athénienne aux années 1970 en passant par les bûchers et la formation des États modernes. Nous avons discuté de comment et pourquoi cette figure a été réappropriée dans les années 1970 puis dans les années 1980 avec Starhawk une sorcière américaine investie dans le mouvement altermondialiste, auteure de Femmes, magie et politique.
Lisbeth Sal
Programme
Sun in your head Vendredi 23 mars 2012 à 20 heures Écran somnambule Un solo chorégraphique de Latifa Laâbissi, suivi d’une discussion et d’une projection de films.Art in vivo Mercredi 28 mars 2012 à 20 heures « Vieille Femme salie », un événement initié par Caroline Darroux, ethnographe et porte-voix, en collaboration avec l’artiste Marie Preston.Vendredi 6 avril 2012 à 20 heures L’hypnotiseur et la sorcière : penser leur lien au-delà de l’apparente opposition des genres. Une conférence proposée par Vanessa Desclaux (commissaire et critique d’art) et présentée en collaboration avec Morgane Lory (metteur en scène) et Matthieu Canaguier (créateur sonore). Prochaines expositions Plus ou moins sorcières 2/3, du 10 mai au 29 juin 2012, vernissage le mercredi 9 mai 2012 à partir de 18 heuresPlus ou moins sorcières 3/3, du 3 octobre au 15 décembre 2012, vernissage le mardi 2 octobre 2012 à partir de 18 heures.