Publié le Dimanche 22 mars 2015 à 09h05.

Exposition : Les Cahiers dessinés

À la Halle Saint-Pierre (Paris 18e). Jusqu’au 14 août 2015Belle rencontre entre les artistes publiés dans les Cahiers dessinés, maison d’édition créée par le dessinateur et écrivain Frédéric Pajak, qui célèbre le dessin sous toutes ses formes, et la Halle Saint-Pierre, haut lieu d’exposition de l’art brut dont la directrice Martine Lusardy est co-commissaire de l’exposition.

Dessins d’artistes, dessins d’humour, dessins d’art brut : aucune exclusive, autant de propositions « qui font naître, au sein de leur pluralité, un jeu d’échos basé sur l’impératif intime de l’expérience du dessin, ouvrant un potentiel infini de résonance sémantique autant que sensible » (Martine Lusardy).La force et l’impérieuse nécessité du dessin dans l’art, un questionnement constant sur les limites et les franges de celui-ci ; quel que soit le médium : encre, crayon pastel, fusain, collages, peinture ; quel que soit le style et le genre : réaliste ou obsessionnel, abstrait ou expressionniste, absurde ou social et politique.

Anciens et contemporainsDes artistes de tous horizons, de toutes conditions, reconnus ou non : du très classique lavis de Victor Hugo à l’explosivité radicale des acryliques de Kiki Smith ; de l’obsession délirante d’un Fred Deux à l’exubérance de Pierre Alechinsky ; de la singularité de l’univers de deux grands artistes trop méconnus Louis Pons et Louis Soutter en marge de l’art dit brut parce qu’ils échappent à toute étiquette ; de la précision époustouflante d’un Marcel Bascoulard qui vivait en marge de la société aux dessins poétiques de Saul Steinberg illustrateur au New Yorker ; de la touffeur urbaine des fusains de Pascale Hémery aux petites gouaches jouissives de Noyau sur l’art contemporain ; de l’univers absurde de Roland Topor ou de Tomi Ungerer aux précieux dessins à l’encre et sang de Mélanie Delattre-Vogt...Le dessin d’humour, simple divertissement ou arme politique, est bien représenté ici, ce qui prend aujourd’hui une résonance singulière : des « historiques » Chaval, Sempé, Gébé, au plus jeunes Mix et Remix en passant par Reiser, Siné, Copi, Willem, Vuillemin. La plupart ont fait un détour par Hara Kiri ou Charlie.Comme souvent à la Halle Saint-Pierre, beaucoup d’œuvres (500) mais suffisamment par artiste pour pouvoir vraiment entrer dans l’univers de chacun. À retrouver dans le beau catalogue qui est aussi le n°10 des Cahiers dessinés.

Ugo Clerico