Respectivement jusqu’au 17 janvier 2016 et jusqu’au 31 janvier 2016. Les Abattoirs à Toulouse
Dans le cadre du 30e anniversaire du Musée national Picasso-Paris, Toulouse présente aux Abattoirs « Picasso, Horizons mythologiques », une trentaine d’œuvres, depuis la fin des années 1910 au milieu des années 30. Cette période d’entre-deux-guerres nous montre le côté cubiste de Picasso, entremêlé avec le surréalisme, la mythologie antique, les créatures monstrueuses…
Présentée comme l’expo de l’année dans la ville rose, on peut expliquer cet engouement par le don de l’artiste en 1965 à la ville de Toulouse d’un rideau de scène : « la dépouille du minotaure en costume d’Arlequin », qui reste aujourd’hui présent aux abattoirs comme une référence en termes de patrimoine culturel de la ville.
S’il était impensable de parler des Abattoirs sans évoquer Picasso, l’expo « Dévider le réel » est à retenir ! Ce nom est emprunté à un essai du critique d’art Michel Tapié en 1952. Cette collection suggère une poursuite entre l’art et le réel, et dans la présentation faite par les Abattoirs, il est dit : « Dévider le réel, ce n’est pas le vider pour l’épuiser, mais le dérouler, le devancer et courir après lui pour rendre compte de son intensité. »
On rentre dans cette exposition avec l’enseigne lumineuse du collectif « À La Plage » : « La réalité n’existe pas ». Tout au long du parcours proposé, on se questionnera sur le temps, l’histoire, l’actualité et la question : qu’est-ce que le réel ?
Ainsi Valérie Snobeck filme pendant 1 heure le démontage d’une montre, avec de longs passages où le minuteur continue de tourner, comme impassible. Une opération froide et technique.
Deux œuvres sont surtout incontournables : « le Refuge » de Stéphane Thidet et « Claude » de Claude Lévêque.
Entre l’art et le réel
« Le Refuge » de Stéphane Thidet revient sur Toulouse aux Abattoirs après un 1er passage en 2007 dans le cadre du Printemps de septembre (« Wheel »), et on ne se lasse pas de cette œuvre inspirante et envoûtante. C’est dans cet abri censé nous protéger que la pluie s’est invitée. Cet abri, qui devrait nous inspirer la chaleur d’un cocon, nous évoque ici un sentiment de répulsion en même temps que d’attraction.
Claude Lévêque n’en est également pas à sa première rencontre avec Toulouse. Son installation « RDV d’automne », dans le cadre du Printemps de septembre 2008 (« Là où je vais-je suis déjà »), avait marqué les esprits en sublimant la maison éclusière. Le nom donné à cette œuvre est « Claude », tel un autoportrait sombre. Œuvre minimale et intense, le visiteur se trouve plongé dans le noir, et avance au son des coups de feu pour arriver dans la pièce où des éclairs de lumière accompagnent les sons. L’œuvre joue sur nos peurs et l’artiste lui-même déclare : « Pour moi une œuvre est réussie quand le visiteur ne peut pas rester plus de 3 secondes à l’intérieur ».
Sur la passerelle entre l’art et le réel, Tristan Tzara a une salle dédiée, avec « Le dossier individuel d’étranger de Tristan Tzara ». Poète, dramaturge, critique d’art et littéraire, artiste engagé, juif, communiste, il est essentiellement connu pour être le cofondateur du mouvement Dada. Présent à Toulouse entre 1944 et 1945, il marquera la ville avec la création de l’Institut d’études occitanes.
Si l’exposition Picasso est incontournable, la bonne surprise des Abattoirs se situe au rez-de-chaussée, où il nous est proposé une exposition dans un esprit très Printemps de septembre, pour notre plus grand plaisir ! « Le Refuge » s’appréciant à sa juste valeur avec peu de luminosité, l’obscurité apportée par la grisaille de l’hiver sera parfait. À noter pour un dimanche pluvieux…
Lily Park
Exposition gratuite chaque 1er dimanche du mois