Publié le Lundi 4 avril 2016 à 09h29.

France : la joie de lire… ou l’austérité ?

En France aussi, des bibliothèques disparaissent, ou diminuent leur amplitude d’ouverture, mais c’est moins spectaculaire... 

Ces bibliothèques sont confrontées bien sûr au même fléau de l’austérité, baisse des moyens et des effectifs, alors que la situation n’est déjà pas au mieux. Plus de 16 000 lieux ouverts au public, le réseau culturel le plus important, mais avec de fortes inégalités. 11 millions d’habitantEs qui ne disposent pas d’une bibliothèque à moins de 15 minutes de chez eux, de leur lieu de travail ou d’étude, soit 17 % de la population, mais par endroits, cela atteint 30 %. 

Un rapport récent estime que seuls 30 % des habitantEs bénéficie d’une bibliothèque respectant tous les critères permettant de rendre le meilleur service : taille, moyens pour renouveler les collections, pour proposer des activités (expositions, rencontres avec des écrivains…), personnel suffisant et bien formé. Il faut construire de nouvelles médiathèques, mais aussi rénover les plus anciennes, mal adaptées aux besoins actuels de convivialité et de décloisonnement (avec l’espace jeunesse, avec les autres lectures, CD, DVD, internet...).

Le service public, un commerce ?

Certains ont lancé une pétition pour « sauver » la lecture publique (et obliger ces feignantEs de fonctionnaires à travailler) : « Ouvrir plus ! » tous les jours, 20h sur 24, et bien entendu le dimanche ! Une proposition saisie par Aurélie Filipetti qui en a fait un amendement à la loi Macron : les villes devront discuter en même temps de l’ouverture des commerces et des médiathèques. On leur avait dit que le dimanche, c’était pour les loisirs, la culture… Mais mélanger commerces et service public dans le même débat ?

D’autres ont répondu comme l’Association des bibliothécaires de France (ABF), Ouvrir grand, ou avec une pétition baptisée « Ouvrir mieux », sur un même thème : augmenter les horaires, c’est impossible avec des effectifs déjà en baisse (non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux) ; embaucher des étudiants vacataires, c’est mépriser les compétences des personnels ; et c’est faire semblant d’ignorer que quand les bibliothèques sont fermées, le personnel continue de s’activer (accueil des scolaires par exemple).

Et là où c’est ouvert le dimanche, on voit que ça ne fait pas venir un public différent, plus populaire. Pourtant, cela devrait être le seul objectif : permettre à tous l’accès le plus agréable à l’information et au rêve !

Isabelle Guichard