Publié le Lundi 13 janvier 2014 à 07h20.

Histoire : Aux sources de notre nourriture : Nikolaï Vavilov et la découverte de la biodiversité, Gary Paul Nabhan

Editions Nevicata, 2010, 23,95 euros.

Grâce au livre de Gary Paul Nabhan, nous avons enfin un livre sur les travaux importants et pionniers de Nikolaï Vavilov considéré comme le père de la biodiversité. L’auteur, un ethno-botaniste américain, nous retrace la vie et et les études de Vavilov (1887-1943) et les met en perspective avec les recherches actuelles.

Vavilov fut un des premiers, sinon le premier, à s’intéresser à la génétique des plantes cultivées et à entreprendre de les recenser, de les cataloguer partout dans le monde. Agronome de formation, il entreprit dès les années 1910 des voyages dans toute la planète, amassant un nombre considérable de graines pour éviter la disparition des espèces. Il travaillait avec les semenciers industriels, tout en observant et notant les techniques traditionnelles de sélection des paysans. Le but était de cultiver ces plantes pour nourrir la planète. Créateur de « l’Institut de botanique appliquée et des nouvelles cultures » en 1921 à Petrograd, il est soutenu par Lénine qui voit la portée de ses travaux pour lutter contre les famines. Il devient une personnalité scientifique internationale qui ouvre la voie à de nombreuses recherches. 

Mais, avec la période stalinienne, son intransigeance scientifique va le mener à sa perte. Il se fait deux ennemis de poids : Staline qui trouve que ses recherches sont trop longues et le pseudo-scientifique Lyssenko qui ne voit dans la génétique qu’une « pseudo-science bourgeoise » et qui est très jaloux de la notoriété scientifique de Vavilov. Sommé par Staline de se soumettre aux ordres de Lyssenko, Vavilov refuse. Alors, la police secrète monte un dossier et Vavilov devient le bouc émissaire des mauvais résultats de l’agriculture soviétique.

Il est accusé de sabotages, d’être en partie responsable des famines de 1931 et 1932. Arrêté en 1940, condamné à mort en 1941, peine commuée en déportation, il meurt de faim en 1943.

Charles Soubeyran