René Vautier n’a jamais été cassé par la censure, les condamnations, les attaques ou la prison. Il nous a quittés ce dimanche sans avoir abdiqué. À Cancale, où il vivait, sa porte et celle de Soazig, sa compagne, était toujours ouverte. Les verres vite sortis et les histoires abondantes. Totalement mêlées à l’histoire. Car sa vie a été intimement liée à l’histoire. Pas celle des puissants, celle qui se fait dans les luttes. Et caméra au poing.
Cinéma, politique et vie étaient tellement mêlés pour lui qu’il était le seul cinéaste au monde à avoir un morceau de caméra dans le crâne. Réminiscence d’une balle qui avait fracassé sa caméra pendant qu’il filmait. Car chez lui, pas de distance, filmer c’était être partie prenante du combat. Après avoir été un des plus jeunes résistants contre l’occupation nazie, ses films sont les jalons de tous les fronts essentiels de ces dernières décennies, luttes anticoloniales bien sûr avec l’Afrique et surtout l’Algérie mais aussi grèves, luttes de femmes, écologie et lutte contre le FN. Sans oublier la Bretagne ! Et au coeur de tout cela sa lutte contre l’État et toutes les institutions. Cela lui vaudra la prison et la censure. Ainsi que la destruction de beaucoup de ses films.
Il en reste heureusement comme autant d’outils indispensables pour nos combats. On y reviendra dans l’Anticapitaliste.Mais, en ces jours, où les hommages pleuvent, on mettra en avant que René, qui n’était pas homme de parti, était, au sens le plus fort un des nôtres. Et nos pensées vont d’abord à ses proches notamment Soazig, Moira et Cali.
Denis Godard