Sortie en salles le 15 octobre 2025.
Derrière sa caméra, Myriam El Hajj suit les itinéraires de Georges, Joumana et Perla Joe, issuEs de trois générations différentes, autour des manifestations d’octobre 2019 au Liban (la Thaoura, la révolution).
La réalisatrice documente quatre ans de lutte dans une période ponctuée de nombreux événements.
Différentes formes de luttes, une seule colère
Georges, ancien combattant, avait en son temps fait le choix des armes. En première ligne lors de la guerre de 1975 à 1990, il participa au massacre du bus, qui en fut l’un des éléments déclencheurs. Les séquelles qu’il en garde sont aussi bien physiques que psychologiques, et c’est avec une certaine amertume désabusée que ce taiseux regarde les nouvelles générations tenter de se soulever contre le gouvernement. Joumana est militante, elle croit en l’engagement politique et espère pouvoir faire bouger les lignes grâce aux urnes, raison pour laquelle elle se présente comme candidate à la députation. Perla Joe, enfin, est une jeune artiste engagée, dont les chansons résonnent de la colère de toute une génération qui hurle son ras-le-bol face à un pays aux dirigeants corrompus et dans lequel, alors qu’une poignée de milliardaires se partagent les richesses, le coût de la vie n’est plus tenable pour la population.
L’espoir d’une révolution
Aux premières manifestations qui éclatent en octobre 2019, suite à un an de crise économique, succède celle du Covid, qui met un coup d’arrêt aux protestations. Le mouvement était pourtant d’ampleur : massif, fortement ancré dans les classes populaires mais soutenu également par les milieux plus aisés, et chez les femmes, pleinement actives pour la première fois lors des mobilisations afin de porter leurs revendications dans un pays particulièrement discriminatoire. Leur présence permet d’ailleurs de garder la lutte pacifiste, notamment en jouant le rôle de tampon face aux forces de l’ordre. Si les manifestations reprennent doucement suite aux confinements, les explosions du port de Beyrouth, le 4 août, ravivent les colères et poussent le Premier ministre à appeler à des élections anticipées. Quelques années après, les choses n’ont malheureusement pas évolué et la situation économique est toujours plus catastrophique.
À l’approche du sixième anniversaire de la Thaoura, Journal intime du Liban nous plonge au cœur des espoirs d’un pays qui, profondément marqué génération après génération par la corruption et le confessionnalisme, aura au moins su élever sa voix.
Cyrielle L. A.