Publié le Vendredi 20 septembre 2024 à 16h00.

La mémoire délavée, de Nathacha Appanah

Éditions Mercure de France, 2023, 160 pages, 17,50 euros.

Ce fut un des très bons moments des élections législatives à Carcassonne ! Par hasard, la veille du premier tour — jour de non-campagne — nous avions assisté, dans une librairie de la ville, à la présentation de ce livre en présence de l’autrice. L’échange avait commencé par une lecture de plusieurs extraits par deux artistes femmes. Ce fut une très belle entrée, poétique et émouvante. 

L’écrivaine (déjà plusieurs romans à son actif) raconte l’oppression d’un peuple à travers la vie de ses ancêtres. C’est l’histoire de pauvres en Inde à la fin du 19e siècle qui quittent leur village, leurs familles, leurs vies, pour migrer vers l’île Maurice. Une déportation « volontaire » mise en œuvre après l’abolition de l’esclavage et de la traite des NoirEs. 

Environ 1,5 million de personnes sont ainsi déplacées entre 1834 et 1920. Nommées « les engagées » pour tenter de vivre ailleurs, d’avoir un travail et une maison, pour sortir de la misère. Derrière l’illusion et les mensonges des colons, il y a l’exploitation dans les champs de cannes à sucre. L’autrice dénonce ainsi le colonialisme et le racisme, l’exploitation d’un peuple, dans un court récit très fort. C’est aussi un bel hommage très touchant à ces aïeux et ses grands-parents. 

Quelques mots de Nathacha Appanah : « Tant qu’il y aura des mers, tant qu’il y aura de la misère, tant qu’il y aura des dominants et des dominés, j’ai l’impression qu’il y aura toujours des bateaux pour transporter les hommes qui rêvent d’un horizon meilleur ».

Philippe Poutou