Publié le Mardi 26 mars 2013 à 13h53.

"La porte du Paradis" de Michael Cimino

Cinéma : "La porte du Paradis" de Michael Cimino (1980).Avec Kris Kristofferson, Isabelle Huppert, Christopher Walken, John Hurt…3 h 36. Ressortie en salle le 27 février.Trente-trois ans après, le dernier grand film indépendant d'Hollywood ressort… En 1890, dans le Wyoming, longtemps après avoir éliminé les Indiens, de riches éleveurs anglo-saxons s'opposent à la conquête anarchique du territoire américain par les immigrants d'Europe centrale. Ils engagent des mercenaires pour les éliminer.Toute la corruption originelle et criminelle de la création de l'État prédateur américain est révélée dans ce chef-d’œuvre qui fut, en 1980, ardemment boycotté par les autorités dites « intellectuelles » américaines et européennes. Cimino, il est vrai, ils avaient déjà été obligés d'applaudir son Voyage au bout de l'enfer contre la guerre au Vietnam mais, là, dénoncer les crimes de la formation de l'État moderne américain, c'en était trop pour eux !Pourtant, quelle puissance dans le triangle amoureux qui plonge le marshall James Averill (Kris Kristofferson, chanteur folk toujours engagé quand Dylan avait déjà enterré sa contestation) défenseur des immigrés, le tireur d'élite au service des possédants Nate Champion (Christopher Walken) et Isabelle Huppert, la prostituée pour la défense des immigrés. Et oui, c'était ça l'Ouest américain. Champion fait prendre conscience à Ella du danger qui guette les migrants, et avec le marshall Averill, ils vont organiser avec succès la résistance des gueux. C'est le président américain lui-même qui donnera l'ordre à la Garde nationale d'en finir avec cette révolte.Toute la saveur du film réside dans les premières images du film où, 20 ans plus tôt, le futur marshall Averill et Billy Irvin (John Hurt) l'un des grands éleveurs de la province échangent sur leurs espoirs d'une Amérique démocratique et ouverte, tandis que d'autres images prémonitoires défilent, montrant les immigrés entassés sur les toits des trains ou des chariots partir vers l'Ouest. L'État américain s'est fondé dans le sang des innocents mais la nouvelle sortie de ce film sans concession nous donne l'espoir de changer le monde.Sylvain Chardon