La Fabrique éditions, 2025, 200 pages, 13 euros.
Jean-Christophe Bailly, après Paris quand même1, revient à la Fabrique pour nous parler de la ville. Certes, la bourgeoisie, la technostructure de l’urbanisme, intimement liée au capitalisme, à l’optimisation du profit, à son corollaire d’ordre et à son idéal de place nette, ont un projet pour la ville et n’ont de cesse de le mettre en œuvre. Et pas de doute, ces gens ont le pouvoir.
Mais Baudelaire !
L’auteur n’a pas renoncé et nous gratifie de dix textes de conférences et d’articles produits entre 2014 et 2022. De factures et de destinations fort variées, ces œuvres courtes brossent un tableau éclectique, constat de possibles résistances — de fait, allant de soi — à la mise au pas de la ville, vouées à s’insinuer dans les interstices que jamais aucun pouvoir ne saurait réduire complètement.
Bailly est lui-même ce passant — Baudelaire à une passante, Ô toi que j’eusse aimé — et invoque aussi bien Victor Hugo que Walter Benjamin, pour affirmer, pour confirmer et le partager que la ville nous appartient encore, à celles et ceux qui n’abdiquent pas leur puissance de flâneur !
Pourquoi pensai-je tout à coup à cet homme, venant de Varsovie, croisé à l’aube d’un mois d’août, au hasard d’une rue pavée de Stockholm, valise en main, avisant mon sac sur le dos, qui me dit alors : « à nos âges, il n’est plus de musée, plus de monument, c’est comme ça qu’on découvre une ville ! »
Claude Moro