Le fac-similé de la grotte de Lascaux – appelée Lascaux 2 – commençant aussi à se dégrader avec le temps, une nouvelle réplique, Lascaux 4, a été construite près de l’emplacement de la grotte originelle, à côté de Montignac en Dordogne. Ce nouveau centre d’art pariétal a été inauguré le 15 décembre dernier.
L’objectif de cette réalisation est de rendre accessible au plus grand nombre la grotte et ses parois peintes, parmi les plus extraordinaires jamais trouvées à ce jour en Europe. Les guides replacent les visiteurs dans l’atmosphère de la découverte de la grotte par des jeunes du village en 1944, et tentent de rendre compte de ce qu’elle était à l’origine : un abri idéal, dans un environnement alors très froid, protégé et avec une vue dégagée, pour des hommes et des femmes dont l’existence précaire ne pouvait être garantie que par leur action collective face à la nature.
La visite guidée n’extrapole pas sur le sens des peintures rupestres de la grotte. Elle n’exclut pas que ceux venus les exécuter pouvaient être animés par la recherche de quelque chose de surnaturel, de type religieux, vu qu’il ne s’agissait pas d’un lieu d’habitat et qu’il fallait un savoir-faire particulier pour réaliser des fresques qui semblent s’exprimer dans un langage abstrait et commun à travers l’Europe. Mais elle ne l’affirme pas non plus, préférant s’intéresser à la façon dont elles ont été faites plutôt qu’à pourquoi elles l’ont été.
Cette visite guidée de la grotte est suivie de la visite libre d’une salle contenant des fac-similés de toutes les parois peintes, permettant à l’aide d’une tablette de découvrir les fresques et représentations avec de très brefs commentaires qui donnent envie d’étudier et d’en savoir bien plus sur leurs créateurs, nos ancêtres. On peut ainsi admirer leur maîtrise, leur regard attentif sur la nature, leur capacité à épouser le moindre relief, à utiliser la moindre lumière pour s’exprimer.
Une pièce filmée fait revivre aux grands et aux petits les débats qu’a engendrés la découverte de ce qu’on dénomme la Préhistoire, en dénonçant les préjugés auxquels les chercheuses et chercheurs ont dû faire face, comme le refus des élites (y compris intellectuelles) d’accepter qu’ils étaient les descendants de tels « barbares »…
Après avoir montré les apports des sciences et des techniques (entre autres la génétique ou l’informatique) à la connaissance de l’humanité, cette visite interroge et interpelle sur les êtres pensants et sensibles que nous sommes.
Mónica Casanova