Publié le Mardi 17 septembre 2024 à 09h00.

Les couilles sur la table, de Victoire Tuaillon

Points (pour la version poche), 2021, 240 pages, 9,40 euros.

Le livre, tiré du podcast du même nom, avait reçu en 2019 le Prix de l’essai féministe du magazine Causette. Depuis, il est sorti en poche car il reste utile de se questionner sur la « masculinité en crise » et l’ensemble des constructions sociales que l’on voudrait nous faire intégrer comme ­parfaitement naturelles.

On ne nait pas mascu, on le devient

Personne ne naît en dehors de son temps. Nous sommes tousTEs perméables aux influences culturelles, familiales, sociales, politiques… dans lesquelles nous voyons le jour. La croyance selon laquelle les femmes et les hommes sont différentEs par nature ne résiste pas à une rapide étude historique ou scientifique et nous voyons vite que les genres ne sont pas innés, mais bien acquis, voire brutalement imposés. Si les hommes sont plus enclins à la violence, si les femmes voient plus spontanément les chaussettes qui traînent, n’en déplaise aux réacs ce n’est pas une question de chromosomes. Ce livre nous amène à considérer en quoi le patriarcat nuit aussi aux hommes en les poussant à se comporter comme notre monde l’attend, sans place aucune pour les remises en question. 

Mais pourquoi sont-ils aussi méchants ? 

Nous serions tentéEs de répondre « parce que », mais la vérité est plus complexe. Les hommes sont violents entre eux, d’abord, parce que nos sociétés leur imposent d’être forts, parce que les relations entre hommes sont toujours fondées sur la compétition, parce les émotions, la douleur, c’est pour les faibles. Pour être « conformes », ils sont poussés à l’agressivité en tout. Violents envers les femmes, ensuite, et beaucoup, parce qu’ils en ont le droit. Parce que rien n’est fait pour punir réellement les coupables de violences sexistes et sexuelles, parce que la culture du viol n’est pas un mythe, et parce que les femmes sont posées en objets de désir et en victimes consentantes — ou non, qui s’en soucie ? — de leur besoin de domination. Et lorsque des voix s’élèvent pour dénoncer, ce ne sont pas des hommes déterminés à changer les choses qui répondent, mais des milliers de « Moi, je ne suis pas comme ça ! ». Dans ce livre, l’autrice prouve pourtant par de nombreux exemples que même ceux qui, en toute bonne foi, ne se croient pas comme ça, le sont souvent un peu quand même.

Parce qu’elle refuse de céder au défaitisme, Victoire Tuaillon conclut ce livre, mêlant analyses et extraits de ses podcasts, par quelques pistes d’amélioration possibles au quotidien. Formidable approche très accessible du féminisme, les Couilles sur la table est à faire lire à tousTEs, pour avancer vraiment ensemble vers l’égalité hommes-femmes. 

Cyrielle L.A.