De Michel Toesca. Film français, sorti le 26 septembre 2018, 1 h 40. Prix l’Œil d’or du Festival de Cannes 2018.
Cédric Herrou se définit lui-même, dans le film, comme « agriculteur, Breil-sur-Roya, délinquant », lors d’un face-à-face à distance avec Manuel Valls, alors candidat aux primaires socialistes pour la présidentielle. Célèbre pour héberger à son domicile et aider des réfugiéEs à déposer leur demande d’asile, Cédric Herrou a été filmé pendant plus de deux ans par son ami Michel Toesca. Cela donne un documentaire très humain, sobre, parfois drôle, souvent émouvant, qui ne cède jamais au pathos. Il reflète bien cette parenthèse de repos offerte par Cédric et ses amis, associations, ou avocats, à touTEs ces réfugiéEs.
Une histoire de résistance
On vit ainsi la façon dont Cédric héberge les migrantEs qui passent dans sa vallée, au bout d’un chemin, les quatre tentes plantées, les deux caravanes déposées par hélicoptère et les lampions attachés aux oliviers façon guinguette. On suit aussi au plus près l’occupation d’un centre de vacances SNCF désaffecté par une cinquantaine d’ÉrythréenEs et leurs soutiens, en octobre 2016. Cette occupation qui dure trois jours, avant l’intervention des forces de l’ordre.
C’est l’autre côté très instructif de ce documentaire : le contraste entre la bonne humeur, l’ambiance bon enfant parmi les soutiens des exiléEs, le fait que l’entraide, ça va de soi, et la débauche de moyens des forces dites de l’ordre, cette violence institutionnelle que l’on ressent intensément tout au long du documentaire. Cédric Herrou est harcelé par la police, surveillé par des dizaines de gendarmes mobiles, la vallée est entièrement envahie d’uniformes.
Les démêlés judiciaires de Cédric Herrou sont également suivis, lors de ses nombreux procès, ponctués de manifestations de soutien pour l’agriculteur militant.
Le film montre avec justesse une certaine réalité actuelle, le repli sur soi des nations européennes, dont la France, et l’histoire de citoyenEs qui n’acceptent pas ces consignes absurdes de ne pas aider des gens qui en ont besoin. Une histoire de résistance, réconfortante, pour ce qu’elle montre de la force de la solidarité.
Régine Vinon