De Silvia Pérez Cruz et Raul Fernandez Miro. Universal, 2015, 18 euros
Des chants de l’exil et de la révolution... Une voix chaude et profonde accompagnée d’une guitare (la plupart du temps) qui nous déchire sur un poème de Lorca mis en musique par Leonard Cohen (Pequeño vals vienés) et la cause est déjà acquise. Mais Granada, c’est beaucoup plus d’émotion encore !
L’album s’ouvre en catalan par Abril 74 et se referme par Corrandes d’Exili du même Lluis Llach. Un pur bonheur ! Silvia Pérez Cruz n’en est pas à son premier essai puisque dès 2005, elle nous avait enchantés avec Immigrasons, un album consacré à un double exil, celui des républicains espagnols vers l’Argentine en 1939, puis celui des Argentins vers l’Espagne en 1976. Silvia, la fière catalane, est aussi fille du monde et, pour Granada (la terre qui saigne encore de Lorca et de l’Andalousie arabe), elle a choisi, accompagné du musicien rock « indé » Raul Fernandez Miro (ça ne s’invente pas) de s’exprimer en plusieurs langues et de traverser les époques. Entre le chant naturaliste de Silvia, dont les envolées vocales se noient dans des mers de réverbération rock, l’urgence de la solidarité et de la révolution pointe en permanence. La reprise de deux lieder de Schumann et de l’Hymne à l’amour d’Édith Piaf ne dément pas cette appréciation même si elle peut dérouter les puristes qui seront plus enthousiasmés par le flamenco revisité d’Enrique Morente.
Silvia et Raul étaient en concert à guichet fermé en France : on le comprend...
Sylvain Chardon