L’Autre distrib/Idol, 2014, 11 eurosFeaturing DJ Pone, DJ Fabe, Serge Teyssot-Gay et Sir Jean
Après une Goutte de miel dans un litre de plomb et Par temps de rage, le groupe La Canaille sort un troisième album auto-produit, la Nausée, dans la lignée des deux précédents : du rap engagé aux influences rock.La Canaille, c’est d’abord une référence directe à la Commune de Paris. Le morceau avait été repris dans Par temps de rage et la référence à « ce chant qui porte en lui la résistance » est de nouveau faite dans le morceau Redéfinition : « C’est la canaille et bien j’en suis » !Ils en sont, ils en parlent, ils le martèlent, ils le crient. Avec des mots tranchants, écorchés pour dire une époque ravagée, miséreuse, nauséeuse. L’album s’ouvre avec Quelque chose se prépare, un morceau sombre et envoûtant, néanmoins teinté d’espoir : « le vent se lève (…) une mutation s’amorce ».Les textes engagés et enragés sont portés par le flow percutant de Marc Nammour, chroniques ordinaires d’une classe ouvrière qui passe toujours « à la caisse » quand le pouvoir « passe à la casse »... L’album s’écoute d’une traite... et se réécoute morceau par morceau.La Nausée, c’est le dégoût de cette période de recul des droits, de montée de l’extrême droite et de ses idées, avec Jamais nationale et le clip qui va avec : « Une profonde indignation / Comment rester les bras croisés / Cette voix c’est le poison qui tourne en rond dans son bocal / Mon identité ne sera jamais nationale ». La Nausée, c’est le portrait acéré de Monsieur madame, un couple de bourgeois hautains et méprisants : « la vraie vulgarité elle est bourgeoise », ou encore Omar, un morceau puissant et déchirant avec Serge Teyssot-Gay, ex-guitariste de Noir désir.La Canaille « ouvre sa gueule » et ça nous fait du bien. La Canaille donne une voix aux prolos, aux précaires, aux travailleurs, aux vieux, aux opprimés, et ça fait du bien.
Céline GrisoniÀ Paris, le jeudi 13 novembre au Café de la Danse, et en tournée en région jusqu’à fin décembre.