Éditions Cambourakis, Poche, 2023, 500 pages, 13,50 pages.
Militante féministe, lesbienne, dès les années 1960, d’origine ouvrière très pauvre, romancière. Ce livre est particulièrement d’actualité à trois titres : les violences sexuelles contre les enfants, la contribution des romancières et militantes au combat féministe (international), les apports conceptuels et critiques de l’intersectionnalité.
Dans ce livre rassemblant essais et récits autobiographiques, publié en 1994, elle dénonce ce qu’elle nomme le « mythe du pauvre » aux États-Unis, le mythe du « bon pauvre » alors que, citons-la, « nous étions ce “ils” dont tout le monde parle — les pauvres bougres […] la pauvreté décrite dans les livres et les films était romantique, elle servait de toile de fond à l’histoire de personnages qui arrivaient à s’en échapper. La pauvreté dont les intellectuels de gauche faisaient le portrait était tout aussi romantique […] La réalité faite de haine de soi et de violence était absente ou caricaturée. […] La pauvreté que je connaissais était monotone, anesthésiante, avilissante […] Je sais que j’ai été haïe parce que j’étais lesbienne, à la fois par la “société” et par ma famille mais j’ai été globalement haïe ou méprisée […] par des lesbiennes dont le comportement et les pratiques sexuelles avaient été forgées par leur classe sociale ».
Le racisme était également très présent : « ils et elles maintenaient qu’il y avait certaines formes de travail, dont celui de femme de ménage, qui étaient seulement pour les Noires, pas pour les Blanches ». Un indispensable témoignage !