Publié le Lundi 16 mai 2016 à 11h22.

Romain : À vol d’oiseau

De Craig Johnson, Éditions Gallmeister, 2016, 23,80 euros.

Le moindre des paradoxes des Étatsuniens est qu’ils disposent d’une nature immense et magnifique... qu’ils s’évertuent à détruire à coups de derricks, de fraction, de villes tentaculaires et de plantations d’amandiers. Ils n’en continuent pas moins à célébrer la nature, à la décrire... C’était un des piliers de l’œuvre de feu Jim Harrisson, et le « fond de commerce » et la passion de l’éditeur Gallmeister.

Thoreau a fait école, un peu, mais chez les amateurs de nature, il y a beaucoup de conducteurs de 4 x 4, de buveurs de coca et de chasseurs, qui tous célèbrent la beauté et la diversité de leur pays. Parmi eux, le personnage récurent de Craig Johnson, le shérif Walter Longmire, ancien du Vietnam, traumatisé comme tous... mais pas principalement par les Vietnamiens qu’il a tués, passionné du Wyoming, ami des Indiens et connaisseur de leur culture, grâce notamment à son meilleur ami Standing Bear, qu’il nous fait découvrir au travers de ses enquêtes. Longmire nous fait partager son initiation au peyotl, planant ! Et comme il se doit, Longmire picole, est veuf et pas très heureux... mais prêt à rencontrer l’âme sœur.

Au début, il y a toujours des morts, ici une jeune Indienne, Audrey Plain Feather, qui tombe d’une falaise, son bébé dans les bras... C’est un polar, mais l’enquête menée avec la police tribale nous emmène, à travers les saloons et la réserve des Cheyennes, à la recherche de motivations mêlées et de coupables souvent aussi victimes de la violence ambiante et des problèmes non résolus de cette cohabitation culturelle.

Au moment où le polar français se tourne vers la ruralité, c’est un vrai dépaysement de se plonger dans les énigmes des grandes plaines au fil d’histoires qui ne sont pas des prétextes.

Catherine Segala