1 CD, chez InOuïe Distribution.
Ils et elles font partie de cette génération grandissante de musicienEs de jazz pour qui le mélange des genres n’est pas un vain mot. À tel point que, devant tant de diversité musicale, on en vient à se demander comment nommer leur catégorie sans être réducteur. La musique du Moyen-Orient, incarnée avec intensité par la chanteuse franco-syrienne Climène Zarkan et ses cinq comparses, se frotte ainsi sans complexe à des traitements singulièrement aventureux, et incorpore à ses mesures irrégulières des couleurs électro et une très forte dose d’électricité. Les titres en majorité basés sur des thèmes traditionnels s’appuient sur des textes où les paroles d’amour, on ne peut plus imagées, disent en creux les tourments de la guerre, des désunions et de l’exil.
Fusions incandescentes
Un bassiste au son énorme qu’on jurerait issu d’un groupe de métal ; un tromboniste dépassant les limites supposées de son instrument (pouvait-on imaginer possibles les ornements mélodiques typiques de ces gammes avec un instrument à coulisse ?) ; une chanteuse – également quelquefois par la force des choses pianiste sur scène – dont la voix se laisse volontiers accompagner par celle des ses acolytes dans une délicate alchimie : lorsque l’émotion des harmonies vocales nous devient presque trop évidente, des explosions sonores inattendues peuvent alors s’inviter par à-coups.
Emmené sous la direction artistique de Climène et de Baptiste Ferrandis – guitariste à la présence scénique contenue mais aux sonorités débridées – le groupe ne rechigne pas à lorgner du côté de la pop avec son titre « Habibati » et son refrain entêtant. Pas sûr que cela suffise à les faire connaître d’un très grand public (on est quand même dans une écriture très pointue), mais ce jeune groupe franco-syrien nous rappelle avec délectation l’intérêt qu’il peut y avoir à se laisser bousculer, pour découvrir les très belles choses qui peuvent surgir, non pas d’un tiède « métissage », mais de fusions incandescentes comme celle-ci de la tradition et de la modernité.