Film documentaire français, 1 h 14 min. En salle le 1er mars 2023.
À 13 ans, ses matins sont faits ainsi : Opio se rend sur le site de la mine de Perkoa (Burkina Faso) pour y casser des tas de cailloux. Littéralement.
De ces monceaux de pierres arrachées une par une aux entrailles de la terre, l’équipe de surface a pour mission d’extraire l’or qui s’y dissimule. C’est le travail d’Opio, qui pour tout salaire reçoit un sac de cailloux, desquels, s’il a beaucoup de chance, sortiront quelques grammes de poussière d’or. Son salaire.
Son père voudrait bien le voir entamer une formation — Opio voudrait faire de la soudure. Seul problème, et de taille, il doit trouver lui-même les moyens de financer la formation. Il ira donc au fond ! Ce n’est pas fait pour ceux qui ont peur ! Opio n’a pas peur.
Oui, c’est bien un documentaire !
Le scénario, plein de suspens, n’en est pas un. Ce film est un documentaire. On le sait, la réalité l’emporte souvent sur la fiction ! Ici, la situation de ce jeune homme, déchiré entre sa place d’enfant — son père l’emmène à l’école sur le porte-bagage de son vélo, et il n’a guère le droit à la parole ! — et le statut de celui qui descend au fond de la mine — les enfants ne le font pas ! —, plante le décor d’un drame qui n’aura pas lieu.
Les images de la mine sont saisissantes : la descente tout au long d’un étroit boyau taillé dans la roche, accroché à une corde qui semble bien mince, le treuil manuel chargé de remonter les mineurs — d’abord actionné par Opio, qui s’y retrouve suspendu, un sourire de défi aux lèvres —, le travail d’extraction à même le sol, à l’aide d’outils rudimentaires...
L’œil de la caméra
Les mineurs vendent eux-mêmes l’or qu’ils ont extrait au cœur du marché, filmé de nuit. Opio est alors accompagné de copains aussi excités que s’il s’agissait d’un jeu, pour finir par réunir quelques milliers de francs CFA. Le marchandage des poules par le père, la vente de l’or par Opio, la négociation de la mise à disposition de sa force de travail, tout cela est très strictement codifié. La force du film documentaire est de nous en donner à voir les rouages d’un point de vue qui atteste de l’authenticité des échanges — celui de l’œil de la caméra. Ceux d’Opio, appuyé sur un poteau de la mine, fixent le vide d’un avenir qui ne sera pas pour lui.