Publié le Mercredi 28 juin 2017 à 12h14.

Solidarité avec les migrantEs !

Sans revenir sur les causes des migrations, deux éditeurs ont voulu mettre l’accent sur l’accueil des migrantEs et sur cette solidarité... qui est devenue un délit.

Le passager clandestin crée une nouvelle collection, Bibliothèque des frontières, par le collectif Babels. Les deux premiers titres sont sortis : De Lesbos à Calais, comment l’Europe fabrique des camps, et La mort aux frontières : retrouver, identifier, commémorer (2017, 10 euros chacun).

Le premier ouvrage analyse la multiplicité des lieux dans lesquels les migrantEs sont regroupés : hot-spots aux frontières comme l’île de Lesbos, parfois avec la complicité rétribuée d’un État comme la Turquie, ou l’horreur des camps libyens, les camps informels, en Grèce, dans les Balkans, les frontières/camps (comme Vintimille ou Calais), les bidonvilles autour des grandes agglomérations, les camps de rue, les centres de rétention (fermés, plutôt prisons que camps) tel le CRA de Vincennes… Tous apparus dans le cadre de politiques spécifiques européennes. Chaque type de camps est le résultat d’une politique, d’un contrôle migratoire, d’une directive de sélection. Chacun regroupe un type de population, une ou des origines, possède son architecture, son organisation, organisation remise en question brutalement lors de démantèlement (comme à Calais), après un incendie (comme à Grande-Synthe), ou par le changement de la réglementation. L’ouvrage expose également un sujet rarement médiatisé : le business des camps qui, quand ils ne sont pas sauvages, sont construits et gérés par des entreprises privées, telles Gepsa, tellement performante qu’elle étend ses compétences hors de France...

Le deuxième ouvrage questionne, à travers des témoignages, la mort : le sort de nombreux migrantEs et la preuve flagrante de la violence des frontières européennes.

Les éditions Don Quichotte publient Ce qu’ils font est juste, Ils mettent la solidarité et l’hospitalité à l’honneur (2017, 18 euros), dont les bénéfices sont destinés à des associations d’aide aux réfugiéEs.

26 textes, nouvelles, poésies, témoignages, réalistes ou de science--fiction, rédigés par des écrivains et des journalistes, et des portraits d’Enki Bilal qui signe aussi la couverture du livre. Les textes nous plongent dans le quotidien des migrantEs : l’horreur vécue « là-bas », le voyage, la mort sur l’eau, la difficulté à se cacher à survivre, mais aussi la découverte de l’altérité pour les habitantEs des « pays d’accueil », le travail des organismes politiques et humanitaires, ses limites et ses contradictions, ainsi que la barbarie qui arrive, dans un monde où il faudrait bientôt faire chaque mois une « déclaration d’identité nationale ». Presque tous les textes sont écrits sur le mode fictionnel et peuvent en même temps être lus comme des témoignages, engageant dans tous les cas leurs auteurs.