Publié le Samedi 9 mai 2015 à 11h08.

1936-1945 : 10 années de guerres civiles et internationale

Les années 1936-1945 qui encadrent la Deuxième Guerre mondiale sont à la fois des années de guerres civiles et de guerre internationale. Dans toute chronologie, il y a une part d’arbitraire. Celle-ci part de 1936 (« Plutôt Hitler que le Front populaire », proclamaient des secteurs de la droite française) et s’achève en 1945 avec les tentatives sanglantes de rétablissement de l’ordre colonial français en Algérie et au Vietnam.

 

18 juillet 1936 : coup d’Etat de Franco. Début de la guerre d’Espagne (qui se terminera le 1er avril 1939). Franco a le soutien militaire de l’Allemagne nazie et de l’Italie fasciste alors que  le Front populaire français est pour la « non-intervention ».

Juillet  1937 : le Japon entame la conquête de la Chine.

29 mars 1938 : Anschluss (annexion de l’Autriche par le Troisième Reich).

29-30 septembre 1938 : accords de Munich entre le Royaume-Uni, la France, l’Italie et l’Allemagne. France et Royaume-Uni sacrifient leur allié tchèque et permettent l’annexion des Sudètes par le Troisième Reich.

11 octobre 1938 : le président Franklin D. Roosevelt annonce l’intensification du réarmement américain.

Décembre 1938 : Léon Trotsky indique que « le prochain développement de la réaction mondiale implique avec certitude l’extermination physique des Juifs »  (« Appel aux Juifs américains »).

Mars 1939 : l’Allemagne occupe la Tchécoslovaquie.

23 août 1939 : après l’échec des pourparlers avec la Grande-Bretagne et la France, les négociations entre l’URSS et l’Allemagne débouchent sur la signature à Moscou du pacte germano-soviétique. Un protocole secret détermine les zones d’influence soviétique et allemande en Europe de l’Est et notamment le partage de la Pologne.

1er septembre 1939 : l’Allemagne attaque la Pologne.

3 septembre 1939 : Le Royaume-Uni et la France déclarent la guerre à l’Allemagne. 

17 septembre 1939 : Les troupes soviétiques, conformément au protocole secret du pacte germano-soviétique, envahissent la Pologne orientale.

26 septembre 1939 : Le gouvernement français décrète la dissolution du Parti communiste.

10 mai 1940 : début des opérations militaires. Les forces allemandes avancent au Luxembourg, en Belgique, aux Pays-Bas puis en France. 

18 mai 1940 : Paul Reynaud annonce à la radio la nomination du maréchal Pétain au poste de vice-président du Conseil.

14 juin 1940 : entrée des troupes allemandes à Paris.

16 juin 1940 : démission de Paul Reynaud, Philippe Pétain est nommé chef du gouvernement français. Il appelle le 17 juin à cesser les combats.

18 juin 1940 : appel de De Gaulle à la radio de Londres.

22 juin 1940 : signature de l’armistice entre la France et l’Allemagne nazie. Le nord de la France est occupé par l’armée allemande : c’est la zone occupée ; le sud de la France reste « libre » : c’est la « zone libre », où s’installe le gouvernement de Vichy dirigé par Philippe Pétain.

 

Un « ordre nouveau »

25 juin 1940 : Pétain annonce que va être instauré un « ordre nouveau ».

10 juillet 1940 :  réunie au Grand Casino de Vichy, l’Assemblée nationale (celle du Front populaire) accorde les pleins pouvoirs au maréchal Pétain, par 569 voix contre 80 et 17 abstentions, afin de promulguer « une nouvelle Constitution de l’Etat français ».

22 juillet 1940 : loi de Vichy sur la révision de toutes les naturalisations intervenues depuis 1927.

13 août 1940 : début de la « Révolution nationale ». Mise en place du fascisme « à la française ».

Début de la deuxième phase de la bataille d’Angleterre, la Luftwaffe lance une grande offensive aérienne contre le Royaume-Uni.

20 août 1940 : un convoi de républicains espagnols part d’Angoulême. Les hommes de plus de 13 ans seront dirigés vers le camp de Mathausen où très peu survécurent, les femmes et les enfants seront rendus à Franco. L’article 19 de la convention d’armistice prévoyait aussi que les réfugiés antifascistes allemands seraient livrés à Hitler.

21 août 1940 : Léon Trotsky  est assassiné  par un agent de Staline.

15 septembre 1940 : La devise républicaine « Liberté, Egalité, Fraternité » est remplacée par « Travail, Famille, Patrie ».

3 octobre 1940 : sans que les Allemands lui aient encore rien demandé, le gouvernement de Vichy promulgue une loi portant sur le statut des Juifs.

27 octobre 1940 : en Afrique coloniale française, par le manifeste de Brazzaville, De Gaulle constitue un pouvoir politique véritablement organisé et crée le Conseil de défense de l’Empire.

9 novembre 1940 : dissolution de la CGT et de la CFTC.

14 mai 1941 : rafle des Juifs étrangers organisée par la préfecture de police de Paris avec l’accord de la délégation du gouvernement de Vichy dans la zone occupée et sur demande des autorités d’occupation.

15 mai 1941 : le PC appelle à un vaste rassemblement de tous les Français « sauf les capitulards et les traîtres ». Ainsi naît le « Front national de lutte pour l’indépendance de la France ».

27 mai 1941 : début d’une grève de mineurs dans le Nord-Pas-de-Calais (zone occupée), qui durera jusqu’au 10 juin.

22 juin 1941 : la Wehrmacht envahit l’URSS.

2ème semestre 1941 : constitution progressive d’une organisation armée de résistance par le PC.  

4 octobre 1941 : charte du travail qui instaure des corporations par branches d’activité, dissout les syndicats et interdit les grèves.

7 décembre 1941 : attaque aérienne japonaise sur la base américaine de Pearl Harbor. Les Etats-Unis vont entrer dans la guerre.

27 mars 1942 : premier convoi de Juifs déportés en direction d’un camp d’extermination. 

2 juillet 1942 : accords Bousquet-Oberg pour la collaboration des polices française et allemande, en présence d’Heydrich, adjoint de Himmler.

16 juillet 1942 : rafle du Vel d’Hiv à Paris. 9 000 policiers et gendarmes français exécutent la plus grande rafle de 12 884 Juifs étrangers. Seuls quelques centaines de survivants, dont une trentaine d’enfants, reviendront des camps de la mort en 1945.

Août 1942 : début de la bataille de Stalingrad.

11 novembre : occupation de la « zone libre » par les Allemands.

30 janvier 1943 : création par Vichy de la Milice chargée de traquer les résistants, les Juifs et tous les opposants.

16 février 1943 : mise en place du Service du travail obligatoire (STO) pour aller travailler en Allemagne.

27 février 1943 : victoire soviétique à Stalingrad.

Mai 1943 : pour donner des gages à ses alliés, Staline dissout officiellement le Komintern (Internationale communiste). En France, le Parti communiste (PC) est rebaptisé Parti communiste français (PCF).

27 mai 1943 : première réunion du Conseil national de la Résistance (CNR) regroupant les représentants des huit grands mouvements de résistance, des deux grands syndicats d’avant-guerre (CGT et CFTC), des six principaux partis politiques d’avant-guerre (du PCF à la droite).

30 mai 1943 : De Gaulle s’installe à Alger et met en place le GPRF (gouvernement provisoire de la République française).

10 juillet  1943 : débarquement des Alliés en Sicile.

26 janvier 1944 : fin du siège de Leningrad.

26 mars 1944 : miliciens et Allemands donnent l’assaut au maquis des Glières en Haute-Savoie.

8 mai 1944 : le territoire de l’URSS est complètement libéré.

6 juin 1944 : débarquement en Normandie.

 

Restaurer « l’autorité de l’Etat »

25 août 1944: Paris est libéré. Le général De Gaulle défile triomphalement sur les Champs-Elysées. Le GPRF s’installe à Paris.

Septembre 1944 - janvier 1945 : le général De Gaulle veut imposer son autorité face à la Résistance intérieure. En effet, existent deux réseaux de pouvoir : celui du GPRF et celui du CNR appuyé sur des comités locaux de libération. Le GPRF envoie dans chaque grande région un commissaire de la République. Ces commissaires se heurtent parfois aux comités locaux de la Résistance, qui regimbent à céder un pouvoir acquis suite à la Libération, en particulier dans les territoires libérés par la Résistance (Sud-Ouest, Savoie…).  

Septembre 1944 : au nom de la CGT, Benoît Frachon, secrétaire général de la CGT et membre du bureau politique du PCF, lance la « bataille pour la production ».

Eté - automne 1944 : Anglo-saxons et Soviétiques discutent de leur zones d’influence après la guerre. Le 10 octobre 1944  à Moscou, Churchill et Staline finalisent un accord sur les pays balkaniques.  Churchill tient surtout à maintenir la Grèce dans la sphère occidentale, en dépit de l’influence qu’y joue le parti communiste.

Octobre 1944 : aussitôt après la retraite des forces allemandes, des troupes britanniques débarquent en Grèce et organisent le désarmement et la dissolution de l’ELAS (Armée populaire de libération nationale), qui contrôlait une bonne partie du pays et où la force dominante était le Parti communiste de Grèce.

28 octobre 1944 : le GPRF (qui comprend des ministres communistes) ordonne par décret le désarmement et la dissolution des Milices patriotiques constituées en janvier 1944 à l’initiative du PCF et avalisées par le CNR. Après l’incorporation des Forces françaises de l’intérieur (FFI) dans l’armée régulière, De Gaulle entend affirmer le rétablissement de l’« ordre républicain ». Dans un premier temps, le CNR et le PCF refusent.  Mais Maurice Thorez, de retour en France (il a passé la guerre en URSS), va peser pour l’acceptation des décisions du GPRF. La dissolution des milices patriotiques ne devint effective qu’au début de 1945, lorsque Maurice Thorez lança au comité central du PCF des 21-23 janvier le mot d’ordre : « une seule armée, une seule police, une seule administration ». Un bémol est mis également sur la dénonciation des « trusts » et les nationalisations.

17-22 janvier 1945 : entrée de l’Armée rouge à Varsovie.

4-11 février 1945 : conférence de Yalta réunissant  Roosevelt, Churchill et Staline. Les Alliés se partagent les zones d’influence en Europe.

8 mai 1945 : capitulation allemande. L’armée française tire à Sétif en Algérie sur une manifestation appelée pour célébrer la victoire et rappeler les revendications algériennes.

14 août 1945 : capitulation du Japon après les bombardements atomiques d’Hiroshima et Nagasaki.

21 juillet 1945 : Maurice Thorez déclare à Waziers, dans le bassin houiller, devant des ouvriers impatients de voir leurs conditions s’améliorer : « produire, c’est aujourd’hui la forme la plus élevée du devoir de classe, du devoir des Français. Hier, notre arme était le sabotage, l’action armée contre l’ennemi, aujourd’hui, l’arme, c’est la production pour faire échec aux plans de la réaction. »

2 septembre 1945 : proclamation officielle par Ho Chi Minh, à Hanoi, de la République démocratique du Viet Nam et de l’indépendance. Le GPRF envoie un corps expéditionnaire afin de « reprendre en main » le territoire.

 

Par Henri Wilno