Michel Lequenne s’est éteint, sereinement, dans sa maison de retraite, à près de 99 ans, une longue vie d’engagement militant. Nous partageons avec sa compagne Martine et tous ses proches une grande tristesse.
Autodidacte, il impressionnait par sa vaste culture et des analyses marxistes « concrètes » de « situations concrètes », contre tout dogmatisme. Obligé de travailler dès l’âge de 14 ans, il était, comme Martin Eden, littéralement assoiffé de lecture. Il deviendra correcteur, faisant à partir de 1947 une carrière dans l’édition qu’il terminera en 1974 comme chef du service de lecture-correction de l’Encyclopædia Universalis. Réfractaire aux embrigadements (notamment au STO - Le Service de Travail Obligatoire, pendant la guerre), il s’est en même temps engagé dans la résistance collective clandestine et trotskyste.
En 1946 il devint membre du Comité central du Parti communiste Internationaliste, section de la Quatrième Internationale (QI) - dont il fut aussi lors de plusieurs congrès, élu au Comité exécutif. Il s’impliqua dans tous les débats importants de la QI – sous le pseudonyme de Hoffmann – et anima pendant plusieurs années la « T3 » une des tendances de la « Ligue », section française de la QI qu’il quitta en 1988. Il resta impliqué dans bien des débats et fut un des fondateurs de la revue Critique communiste où il a publié de nombreuses études de théorie marxiste, d’histoire ancienne, moderne et de la pensée, ainsi que des critiques littéraires et d’art - poursuivant cette activité après la fusion de cette revue avec celle de ContreTemps, en 2009.
Il laisse plusieurs ouvrages – allant de Christophe Colomb aux Grandes Dames des Lettres en passant par son histoire du trotskysme – que l’on peut trouver sur le site qu’il a construit à l’âge de 96 ans. De 1978 à 1995, il fut membre du groupe surréaliste maintenu.
Tous ceux et celles qui l’ont connu se souviendront de son rire et de son grand chapeau de poète à larges bords. D’accord ou pas avec lui et avec ses emportements, on apprenait toujours de lui. Il aidait à réfléchir. Tu nous manqueras, Michel/Hoffmann
Catherine Samary / Verla
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