Publié le Mardi 21 mai 2013 à 16h57.

Essai : témoignages historiques

Deux livres publiés au Seuil début 2012. Ivan Jablonka, historien, est parti à la recherche de ses grands-parents qu’il n’a pas connus et qui sont morts à Auschwitz. Virginie Linhart, documentariste, elle, a connu les siens, car ils ont fait partis des rares rescapés des camps. Elle s’est intéressée à « comment on vit, quand on rentre ». 

Histoire des grands-parents que je n'ai pas eus, de Ivan Jablonka, Seuil, 24 eurosL’auteur va partir de l’histoire orale familiale. Au fur et à mesure de ses recherches dans les archives, il reconstruit la vie de ses grands-parents : juifs polonais, athées et communistes. Mates et Idésa Jablonka veulent échapper au carcan des rites et superstitions religieux de leur shtetl polonais. Ils veulent changer le monde et deviennent militants et communistes. Ils émigrent en France en 1937 où ils seront fichés « de nationalité israélite ». Lui s’engagera dans la légion étrangère pour lutter contre Hitler, mais ils finiront par être arrêtés par la police française et seront assassinés à Auschwitz. Un récit et livre d’histoire extraordinaire où le lecteur partage les déconvenues et les joies de l’auteur, dans une enquête qui réussit à faire vivre la petite et la grande histoire.

La vie après, de Virginie Linhart, Seuil, 17,20 eurosCette enquête fait parler les survivants : sur 75 700 déportés juifs français dans les camps nazis, moins de 2 500 sont revenus. Un récit, fait de briques de témoignages : « Il fallait que je meurs à une vie pour essayer de renaître à une autre ». « Aux imbéciles qui interrogeaient sur mon tatouage, je répondais que c’était le nombre de mes amants… ». « C’est la Shoah qui les a rendus juifs », dit son auteur. Un livre très fort et plein d’humanité qui parle des difficultés de se reconstruire, physiquement et moralement, dans une France qui glorifie les résistants, mais n’écoute pas ceux qui ont subi l’holocauste. 

Christine Schneider