Publié le Mardi 9 avril 2013 à 11h30.

Essai : “Amériques latines : émancipations en construction” coordonné par Franck Gaudichaud

Ce livre donne un bon aperçu des potentialités révolutionnaires qu’a connues le continent hispano-américain ces douze dernières années. Percutés par les politiques néolibérales ou les atteintes aux droits démocratiques et la répression, les peuples se sont rebellés. Manifestations, grèves, explosions sociales, insurrections ont marqué la vie sociale et politique de pays comme l’Argentine, le Mexique, le Honduras, la Bolivie, l’Équateur, le Venezuela. Au-delà de ces luttes sociales et démocratiques, ont surgi des gouvernements qui ont amorcé des politiques de rupture avec l’impérialisme, des politiques de redistribution qui ont amélioré les conditions de vie des classes populaires. Chavez, et son gouvernement, a été un de ceux qui sont allés le plus loin dans cette voie. Dans la confrontation entre ces gouvernements, l’impérialisme et les classes dominantes locales, les masses se sont engouffrées pour exiger leurs droits. Comme l’a expliqué Trotski, repris par Chavez, « la révolution avance souvent sous le fouet de la contre-révolution ». C’est souvent ce qui a rythmé les développements révolutionnaires dans ces pays. C’est aussi une différence entre les gouvernements qui se sont inscrits dans le sillon de Chavez, et le social-libéralisme de Lula ou le « néo-désarollisme » (néodéveloppementisme) des Kirchner en Argentine. Mais après ces dix dernières années, s’il faut souligner les ruptures partielles, il faut aussi enregistrer que ces gouvernements n’ont pas transformé radicalement la structure économique de ces pays et en particulier les rapports de propriété capitaliste, d’où la place décisive des mobilisations populaires pour faire bouger les lignes. C’est tout l’intérêt du livre présenté par Franck Gaudichaud, qui présente une série d’expériences de mobilisations et d’auto-organisation sociale, particulièrement le mouvement des sans-terre au Brésil, l’ethnicisation de l’expérience du MAS bolivien, la singularité des « entreprises récupérées » en Argentine, le contrôle ouvrier et la gestion de l’entreprise Sidor au Venezuela, et le mouvement féministe au Mexique. Des expériences qui montrent les potentialités de pouvoir populaire dans cette période de montée des luttes, période qui arrive aujourd’hui à un point tournant.François Sabado

Essai : "Amériques latines : émancipations en construction" coordonné par Franck Gaudichaud Éditions Syllepse, 8 euros