Publié le Mardi 25 juin 2013 à 11h47.

Essai : Guantánamo

Par petites touches, Missen raconte son Guantánamo. Prisonnier en Afghanistan, François Missen aime être seul. « Mon vrai salaire c’est le temps. » À propos de Guantánamo, il raconte sa passion pour Cuba depuis 40 ans : « Je sortais de prison en Algérie. Je suis allé à Cuba sous Fidel et retourné à la mort du Che. Après j'y ai encore fait un voyage à cause de la French Connection ; je connaissais un malfrat corse qui achetait des filles sur l’île. L’essentiel du bonheur à Cuba, c’est qu’après des siècles de fermeture les histoires pleuvent désormais. Pour vous, Guantánamo c’est les Talibans. Nous, ça fait un siècle qu’on ne peut pas se baigner sur ces plages ».Avant la révolution, la base attirait du monde de toute l’île, attiré par les fiches de paye. Il y eut jusqu’à sept mille cinq cents travailleurs.Manuel Prieto déroba pour les Barbudos des armes sur la base. Torturé, il a aujourd’hui 84 ans et raconte pour illustrer ce bout d’île : « Imaginez : vous avez une maison de trois chambres et l’une d’elles est occupée par une personne que vous ne connaissez pas… ». Une fatalité historique, une formule chère aux Cubains entre le No es facil et Inventar.

Christophe Goby

Essai : Guantánamode François Missen, Éditions Max Milo,12 euros.