Publié le Mercredi 30 septembre 2020 à 21h42.

Quand l’État espagnol se retourne contre… le gouvernement

Le Conseil Général du Pouvoir Judiciaire espagnol est devenu récemment une arène politique ouverte à tous les vents mauvais qui agitent l’échiquier politique et institutionnel. La démocratie espagnole s’en trouve tourneboulée de par la violente division concernant la personne du Roi, chamboulement qui s’est manifestée dans l’État même.

Légende de l’image : Bons amis.
Les magistrats qui, entourant le Roi, portent le dais le protégeant :
- Ceux de derrière s’adressant au Roi : c’est curieux, vous n’avez été élu par personne et ceux qui nous ont nommés ne sont plus élus par personne [allusion à la majorité parlementaire du PP renversée par la motion de censure qui a permis, en 2018, aux socialistes d’arriver au gouvernement. Rappelons que les membres du CGPJ qui nomment les juges sont eux-mêmes nommés par entente et tractations entre les grands partis du Congrès des député.e.s, le PP et PSOE, au prorata de leurs forces parlementaires. Ayant perdu la majorité au Congrès, le PP parvient cependant à bloquer à ce jour la rénovation de ce CGPJ qui permettrait aux socialistes de remodeler à leur avantage les nominations de magistrats]
- Ceux de devant : Ah, la démocratie ! C’est tellement mieux de la vivre comme ça, avec un regard distancié, ne croyez-vous pas ?

Ce qui s’est passé il y a trois jours lors de la session d’intronisation des nouveaux juges espagnols par le CGPJ (Conseil Général du Pouvoir Judiciaire), la plus haute instance de la magistrature espagnole, est un événement lourd de sens sur ce qu’est la situation politique outre-Pyrénées. En effet il s’est noué à cette occasion un psychodrame significatif de l’évolution que sont en train de connaître les rapports de forces entre les différents partis ayant une représentation institutionnelle mais aussi à l’intérieur même de l’appareil d’État. Et cela autour d’une question clé, celle de la crise de régime qui, depuis 2011 (mouvement des Indigné.e.s) et 2012 (poussée de l’indépendantisme catalan), voit cet État ne plus parvenir à créer le consensus transpartidaire (bipartisme d’alternance PP - droite « postfranquiste » -/PSOE – socialistes sociaux-libéralisés -) qui avait permis de sortir sans heurts majeurs de la dictature franquiste et d’instaurer en douceur (relative), en « Transition », comme il a été convenu de dire, la démocratie.

Le rôle clé d’une haute magistrature monarchiste

Il était de tradition que cette cérémonie du CGPJ fut de la plus grande importance dans l’économie générale des symboles de l’État espagnol, se tenant en présence, et donc sous l’égide, du Roi. Or, le gouvernement du socialiste Pedro Sánchez a, cette fois, demandé au monarque, comme il en a le droit constitutionnel, de s’abstenir de faire le déplacement à Barcelone, siège depuis plusieurs années de cette réunion, mais surtout capitale d’une Catalogne engagée depuis 2017 (et, en fait, depuis quelques années auparavant) dans un bras de fer avec Madrid pour obtenir d’exercer son droit à l’autodétermination et, le cas échéant, son droit à l’indépendance. Si l’on ajoute que la justice espagnole, dont le CGPJ est l’incarnation suprême, est sur le point de destituer le président de l’autonomie catalane, la Généralité, au prétexte que, face à une injonction « administrative », il avait tardé à décrocher du balcon présidentiel une pancarte demandant la libération des prisonniers politiques indépendantistes, on tient ce qui a motivé que soit demandé au Chef de l’État de ne pas se montrer dans une région réactive face aux décisions judiciaires qui en fait la visent…politiquement et qui, au demeurant, ne le reconnaît plus, à une large majorité (sondages allant tous dans le même sens), comme son premier représentant institutionnel. L’historique contentieux catalan avec la monarchie espagnole a été violemment réactivé par le célèbre discours télévisé dudit monarque le 3 octobre 2017 par lequel, innovant et même rompant, avec le non-interventionnisme politique de son père, il appuyait et exhortait à poursuivre la violente répression policière contre les partisans du référendum d’autodétermination imposé deux jours auparavant et remporté, malgré la rude répression policière, par les indépendantistes.

Signe de ce qu’il faut désormais appeler une accélération de la déstabilisation, jusque-là chronique, de la vie politique, et plus largement institutionnelle-constitutionnelle, espagnole, le président d’un CGPJ, dont il faut rappeler que, constitué majoritairement de magistrats conservateurs, il n’a plus de légitimité proprement judiciaire car il n’a pas pu, par le blocage exercé par le PP, être renouvelé à l’échéance statutaire, en 2018, a officiellement déploré cette absence. Mais le point d’incandescence a été atteint quand le même n’a pas hésité à communiquer qu’il avait reçu un appel du Roi lui exprimant le regret d’avoir été privé de présider la cérémonie. Cette connivence de la part de personnalités d’État, au demeurant non élues par les citoyens (voir le dessin d’illustration), a priori tenues à un devoir de réserve mais s’en affranchissant sans vergogne par des déclarations mettant en cause l’autorité d’un gouvernement en ce qu’il représente, par un monopole indiscutablement constitutionnel, la société. Disons-le, il y a de nombreuses raisons de penser que la Constitution Espagnole a un déficit de légitimité de par les conditions biaisées par lesquelles elle a été votée par référendum en 19781. Mais ce qui interpelle dans ce dont il est question ici est que ce sont les forces censées incarner l’essence même de cette Constitution, les autoproclamés « constitutionnalistes », qui n’hésitent pas à l’enfreindre pour se retourner violemment contre l’autre grande force pourtant, elle aussi, « constitutionnaliste », un PSOE pris à revers malgré tout ce qu’il a soutenu politiquement, voire anticonstitutionnellement, en faveur de ces forces aujourd’hui mutinées contre lui, au moment des événements de l’octobre catalan, il y a 3 ans (l’appui à l’application du « 155 » et à la répression policière puis judiciaire).

Le PSOE et Unidas Podemos pris à revers de leur adaptation au régime

La droite (PP) et l’extrême droite (Vox) ont aussitôt sauté sur l’occasion de cette sortie judiciaro-monarchiste au CGPJ pour s’en prendre violemment au chef du gouvernement ainsi que, exigeant sa démission, à leur tête de turc, le podémite « bolivarien-communiste » vice–président du gouvernement, Pablo Iglesias, qui avait rappelé à l’ordre le monarque pour son non-respect de la neutralité politique à laquelle la Constitution l’oblige. Mais, peut-être plus que tout, c’est le sonore, et vivement applaudi par les présents, « Vive le Roi », par lequel s’est conclue la session barcelonaise du CGPJ, qui condense le mieux ce qui se joue et qui, d’une certaine façon, pourrait constituer un tournant politique décisif : la division ouverte de l’État entre sa fraction issue du franquisme (monarchie, appareils judiciaire mais aussi policier et militaire2 pas ou peu défranquisés et partis en filiation directe ou indirecte du sinistre « Movimiento », PP et Vox) et sa fraction politique, gouvernementale, aujourd’hui occupée par une gauche se proclamant « progressiste » et dominée par un PSOE pourtant garant, jusqu’à la compromission malgré les royales affaires de corruption (beau-frère du Roi emprisonné, sœur, épouse de ce dernier reconnue coupable mais dispensée de peine, père exfiltré en urgence, suite à des révélations sur ses « troubles » mouvements financiers, dans les Émirats Arabes), de la pérennité de la monarchie. Mais n’oublions pas que ce PSOE mal payé de retour, dans cette affaire du CGPJ, de son positionnement indéfectiblement monarchique est aussi garant du respect des règles économiques préconisées à Bruxelles mais obligé, pour avoir la majorité au Congrès des Députés, de composer avec un Podemos certes à l’antilibéralisme assagi mais présenté comme menaçant par un bloc élitaire abonné, pour partie, surtout médiatiquement, aux fantasmes anticommunistes des temps dictatoriaux, recyclés en antibolivariens. Et cela alors que la domestication de ce parti trublion est destinée, dans l’esprit calculateur du chef de gouvernement, à désamorcer toute résurgence de l’indignation, toujours possible devant les dégâts sociaux engendrés par la pandémie et sa gestion gouvernementale.

Le danger premier du régime, l’indépendantisme catalan

Mais le fin mot de l’affaire est à chercher ailleurs que du côté d’un Podemos (Unidas Podemos pour être précis où c’est Podemos qui donne le la) désormais bien inoffensif, malgré une gesticulation brouillonne tentant de redorer quelque peu une image fanée de gauche radicale que le cours des choses gouvernementales dément irréversiblement : il n’y a qu’à voir l’attitude du Medef espagnol, tout en « pragmatisme », pimenté de sautes d’humeur subtilement dosées dans ses négociations sur le financement du chômage partiel (que peu d’ayant-droits, plongés dans la détresse, touchent réellement) dans cette crise sanitaire avec la ministre du Travail, pour le coup, une vraie communiste et, pour couronner le tout, une amie de Pablo Iglesias ! Non, le problème pour l’État espagnol est et reste, malgré la répression menée, du côté de la Catalogne. L’indépendantisme politique majoritaire (ERC et JxC) battu et mis sur la défensive, divisé aussi sur les choix tactiques, voire stratégiques, n’en reste pas moins adossé à un résilient indépendantisme sociologique et électoral (comme l’annoncent les sondages à propos des législatives qui suivraient la destitution du « Président ») résistant aux temps mauvais. Mais le matériau reste, à la veille de cette destitution, inflammable surtout s’il finit par se combiner avec les effets d’une crise sociale d’envergure qu’alimenterait la résurgence de la crise pandémique faisant de l’Espagne l’État européen le plus affecté par elle.

Dans ce contexte d’une crise territoriale et politique majeure à possible dynamique déstabilisante d’un régime monarchique dépourvu de légitimité politique et en dévaluation morale avancée bien au-delà de la seule Catalogne, « l’État profond » (il ne s’agit pas de celui, occulte, cher aux conspirationnistes, mais de celui qui, en Espagne, se nourrit à ciel ouvert des verrouillages institutionnels légués par le franquisme) prend acte de la mort de toute solution bipartite, du moins à proche échéance. Finie pour de bon la convergence-complicité entre le PP et le PSOE dans ce que d’aucuns considèrent comme le coup d’État constitutionnaliste (sic) du « 155 » mettant sous séquestre la Généralité lors de la crise de 2017 et dissolvant, pour le coup de façon indiscutablement anticonstitutionnelle, le Parlement catalan. Avec l’émergence dans tout le pays de Vox, favorisée par la surenchère anticatalane qu’ont montée les comparses bipartites, le PP, toujours englué dans les affaires d’une corruption exponentielle née sous la présidence de José María Aznar et que la justice ordinaire ne peut plus éviter d’instruire, se « voxise » et instrumentalise de façon virulente aujourd’hui contre le PSOE et le gouvernement le danger sécessionniste ; celui que feraient courir les négociations, à venir mais pourtant ne venant jamais, sur une solution à la crise catalane entre le gouvernement et les républicains de gauche catalanistes d’ERC en échange d’un soutien de celui-ci au premier pour le vote crucial du budget. Pedro Sánchez, fidèle à sa tactique manœuvrière-électoraliste qui lui a permis de se subordonner sans peine un Podemos s’étant auto-affaibli en se délestant toujours plus de toute radicalité indignée, a le plus grand mal à se gagner une ERC (du prisonnier politique Oriol Junqueras), soumise, elle, en revanche, à une pression sociale indépendantiste, toujours vive à la différence de la pression indignée (nulle à ce jour) sur Podemos, à qui il doit donner des gages de non-reniement de son engagement indépendantiste dans des négociations s’avérant bien « paradoxales » puisque Pedro Sánchez a toujours affirmé que l’indépendance ou même l’autodétermination, posées comme incontournables par ERC, ne sont pas négociables. La concurrence avec un JxC (de l’exilé Carles Puigdemont et du « Président » en voie de destitution Quim Torra), cultivant, d’ailleurs plus rhétoriquement que dans les faits, sa radicalité indépendantiste et se montrant très critique avec cette démarche de négociation qu’il accuse d’être foncièrement anti-indépendantiste, si elle accentue, à la satisfaction de Madrid, la division de l’indépendantisme politique majoritaire, réduit plus encore les marges de manœuvre négociatrices d’ERC et met en difficulté la tactique sanchesque de conclure un accord au Congrès avec celle-ci car elle alimente l’accusation des droites de renforcer, quoi qu’il dise le « sécessionnisme » populaire de la région.

La tenaille des droites. Le PP et Vox attaquent frontalement le PSOE, Ciudadanos travaille à le recentrer

On notera que dans ce jeu interne au régime impliquant des entités (partidaires ou sociales et territoriales) en extériorité plus ou moins affirmée, Ciudadanos, le « Podemos de droite », ayant connu une dégringolade électorale plus forte que son homologue de gauche, s’est défait du tropisme voxiste antiPSOE qui, capté à son profit exclusif par le PP, l’a plongé dans cette crise, et s’est donc rapproché des socialistes pour se redonner de l’air à droite tout en fragilisant le maigre espace « de gauche » que Podemos pensait s’être durablement gagné au gouvernement. Le tout en faisant probablement le pari, certes loin d’être gagné, de constituer à moyen terme le renouveau du bipartisme gauche-droite, sans PP. Bi ou tripartisme dont tout porte à penser que Pedro Sánchez en rêve. Cela permettrait à celui-ci de se dégager d’une alliance, toute de circonstance et si peu de gauche, avec Podemos, qui, tout compte fait, pourrait avoir plus d’inconvénients que d’avantages dans une logique d’ensemble qui reste, chez les socialistes, de sauver le régime en place. Sauf que le maintien par Ciudadanos de son propre tropisme de fondation, l’anticatalanisme forcené, ne pourrait que relancer dans un PSOE acceptant ces appels du pied des « oranges » (la couleur emblématique de Ciudadanos) la criminalisation (qui a plus de partisans qu’on ne le croit dans l’appareil du parti), tactiquement mise de côté aujourd’hui pour faire miroiter à ERC des allègements de peine pour les prisonniers politiques. La conséquence imparable d’un tel scénario serait 1/ de repositionner ERC, dépouillé de toute perspective de négociations, dans une stratégie de réactualisation de la rupture républicaine avec l’État espagnol qui ressouderait le bloc indépendantiste ; et 2/ de relancer à nouveaux frais une confrontation territoriale dont l’issue dépendrait, pour l’essentiel, de la capacité de la société catalane à se reconnaître, bien au-delà du socle indépendantiste actuel, dans une République indépendante articulant, de façon étroite et fonctionnelle, une orientation de progrès social et l’orientation d’émancipation nationale. Ce schéma ne serait crédible que par la reconstruction de l’unité politique de l’indépendantisme, incontournable pour imposer l’autodétermination, mais aussi, ne serait également crédible que par la construction d’un pôle politique et social de gauche3 radicalement disposé à disputer l’hégémonie à JxC et à ERC dont tout montre que, libérale l’une ou social-libérale l’autre, aucune des deux n’a que faire de doter la République à construire d’une structurelle disposition à être sociale, démocratique, auto-organisée contre des délégations de pouvoir … héritées du régime actuel et qui participent des impasses stratégiques qui ont fait dérailler le « procés » et empêchent aujourd’hui l’indépendantisme de se remettre en ordre de bataille.

Tout ce qui est écrit ici est proposé à titre d’hypothèses sur ce qu’est et pourrait être l’évolution d’une situation politique espagnole complexe où les acteurs se retrouvent pris dans des contradictions difficilement solubles. Signe de la profonde crise du régime, de sa tentation régressive vers des réponses postfranquistes illustrant paradoxalement la permanence politique, institutionnelle et sociale dans la démocratie espagnole d’héritages dictatoriaux (par exemple l’absence de la célèbre séparation des pouvoirs) que la transition démocratique s’est refusée à défaire. Signe aussi des difficultés des oppositions à contester ce régime déstabilisé à hauteur des enjeux explosifs que révèlent les événements récents avec principalement un Podemos s’étant exilé de sa brève trajectoire antisystème ou un indépendantisme catalan fort de l’appui populaire qu’il continue à recevoir mais incapable de lui donner un débouché crédible. Par où l’État espagnol se survit dans un conflit désormais ouvert entre sa fraction dure qui mobilise la seule ressource que lui autorise le déficit de légitimité politique, la guerre policière et judiciaire contre l’indépendantisme, et sa fraction gouvernementaliste ciblant aussi cet ennemi périphérique du régime mais de biais, par la manœuvre, l’enveloppement et l’instillation des divisions en son sein. Avec le risque cependant que ce conflit interne à l’État ne devienne le signal pour que, dégâts sociaux « aidant », la rue, comme hier à l’indignée ou à l’indépendantiste, se décide à reprendre ses droits pour en finir avec un présent politique qui recèle trop de choses d’un passé et d’un présent qui ne passent pas. Pour faire advenir enfin la République ? Mais quelle république ?

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  • 3. Les anticapitalistes de la CUP (et des CDR, Comités de Défense de la République, où ils sont très présents), percutés aussi par la répression et participant de la désorientation politique générale de l’indépendantisme, restent pourtant une force importante, électoralement non négligeable, et la meilleure chance que se produise la rencontre des question sociales et nationales, seule à même d’affronter dans les meilleures conditions l’appareil d’État espagnol. Les Communs catalans, quant à eux, comme l’a piteusement consacré la pantalonnade de la réélection de l’ex indignée Ada Coalu à la mairie de Barcelone avec l’appui de Manuel Valls, contre le candidat d’ERC arrivé en tête, se sont intégrés à la démarche centrale de Podemos et n’existent plus que par le soutien indéfectible au gouvernement de Madrid et à la perspective de créer une coalition de gauche avec ERC et les socialistes catalans dont nul ne peut ignorer le rôle qu’ils ont joué dans l’offensive de droite anti-indépendantiste en 2017 et après. A l’échelon de l’État espagnol, les Anticapitalistes, qui constituaient la 3e courant important de Podemos, ont rompu avec le parti quand il a décidé de participer au gouvernement sous l’égide socialiste et affichent l’intention de construire avec toutes les forces déçues par Iglesias et ses amis, le pôle de radicalité apte à renouer avec l’esprit de l’indignation, tout en le dotant de l’orientation politique en rupture avec tout accommodement institutionnel qui lui a fait défaut. Il est trop tôt pour évaluer si ce projet est en mesure de tenir la route qu’il dit vouloir tracer. Lire État espagnol : Anticapitalistas quitte Podemos (Raúl Camargo). Et en espagnol Fulgor y ocaso de Podemos. Razones de un adiós (Manuel Garí)