À Beauvais, en septembre 2015, la municipalité de droite (Caroline Cayeux fut fillonniste, avant d’être macronienne) a organisé un référendum sur l’armement de la police municipale. Un collectif citoyen contre l’armement de la police municipale s’est constitué, avec le soutien de la LDH, d’ATTAC, du Front de Gauche (PC, PG, Ensemble), d’EELV, du PRG, du PS, du NPA et de la Gauche Citoyenne.
La particularité de Beauvais est que tous les partis de “gauche” se situent dans l’opposition municipale. Nous avons milité ensemble et avons été très bien reçus par la population, qui nous soutenait. Le résultat de la consultation a donné 66,9 % de NON à l’armement (avec cependant une faible participation, 18,6 % des inscrits).
Le NPA a développé dans cette campagne ses positions et a pu argumenter à travers des communiqués de presse, des tracts, des interventions en réunion publique :
« Le NPA s’inquiète de la consultation organisée par la Maire de Beauvais sur l’armement de la police municipale. Le contexte actuel suscite une surenchère éhontée sur la question de l’insécurité. Pour nous, l’insécurité est avant tout sociale : avoir un travail, avoir un logement, telles sont les priorités que tout un chacun ressent.
Souhaitons-nous comme à Béziers, ville gagnée par le FN, voir des affiches clamant que « la police municipale a un nouvel ami », une arme ? L’armement de la police municipale de Beauvais est dangereux. En effet la multiplication des armes sera de nature à créer de l’insécurité au lieu de la diminuer. Ce projet risque de voir le jour alors que des lois liberticides que nous dénonçons sont votées au parlement par le parti socialiste : loi sur le renseignement, loi anti-terroriste. Ces lois menacent nos libertés et donnent l’illusion de la sécurité.
Depuis les années 2000, le débat porte sur l’utilisation de la police municipale comme police de proximité OU comme moyen de lutter contre la petite délinquance. Ce débat se tient sur fond de désengagement de l’État. Pour nous une police nationale d’investigation pour les délits et les crimes doit être de nature à répondre aux besoins. Au niveau municipal, des emplois socialement utiles doivent être créés.
Le développement de la police municipale et de la vidéosurveillance plombent les budgets des collectivités territoriales : 28 000 euros par agent et par an pour la police municipale (à multiplier par 50 pour Beauvais) + vidéosurveillance : 80 000 euros pour les étapes préliminaires + 20 000 euros d’installation par caméra + 28 000 euros par an et par agent mobilisé (12 agents pour 55 caméras à Beauvais en 2012).
La vidéosurveillance, outre son coût exorbitant est une atteinte à nos libertés et apporte peu de “résultats” : une enquête menée à St Etienne montre que « la vidéosurveillance a probablement permis de repérer entre 1 et 2 % des crimes et délits que la police a poursuivi ».
Rappelons enfin que les policiers municipaux de Beauvais sont équipés de flash-balls. Même Jacques Toubon, le défenseur des droits, demande l’interdiction de cette arme lors des manifestations. Au vu de la « gravité des lésions » qu’il peut causer, il réclame également un moratoire général sur son usage, quel qu’en soit le contexte.
Le NPA se prononce : Pour le désarmement et la démilitarisation de la police, Pour l’interdiction du Taser et du flash-ball, Pour la dissolution des unités d’exception (BAC, etc.), Pour le démantèlement de la vidéosurveillance, Pour la suppression de la police municipale et la transformation des emplois en emplois socialement utiles (éducateurs, animateurs socioculturels, médiateurs, correspondants de nuit, surveillants de sortie d’écoles, emplois de proximité, etc.), Pour lutter contre l’insécurité sociale, réduction et partage du temps de travail, partage des richesses. »
Trois ans plus tard, la municipalité a armé ses policiers (les attentats étaient passés par là avec leurs conséquences en termes de fantasmes sécuritaires et le courrier unanime des 80 policiers municipaux de Beauvais mobilisés pour leur armement a fait son effet). L’argumentaire que nous avions développé reste bien évidemment d’actualité, dans une période où le contrôle au faciès, la criminalisation de l’action militante, la chasse aux sans-papiers s’accélèrent. Sur la question de la vidéosurveillance, nous sommes malheureusement très isolés pour la dénoncer.
Depuis janvier 2016, existe sur Beauvais un observatoire de l’État d’Urgence à l’initiative de la LDH. Il faut cependant indiquer la difficulté de faire vivre ce collectif. Manque de dynamisme certainement, mais aussi des divergences avec un certain nombre de courants qui présentent la « République laïque et porteuse des droits de l’homme » comme alternative en oubliant la lutte des classes.
Des combats à poursuivre…