La municipalité sortante fait depuis plusieurs années beaucoup de communication sur le développement des services publics à Paris sous la mandature Hidalgo. Ces annonces servent surtout à masquer la réalité.
Les logements construits à Paris, présentés comme « sociaux » par la Ville, sont en réalité du logement « intermédiaire » pour la plupart, c’est-à-dire du logement accessible uniquement à partir d’un certain revenu (plus de 4 500 € de revenus net/mois pour un couple avec un enfant et plus 5 300 € pour un couple avec deux enfants). La Mairie, sous prétexte de « mixité sociale », favorise ainsi le maintien « des classes moyennes » selon ces termes, qui correspond en réalité aux cadres. La conséquence est que même dans le logement social la « mixité » pousse les moins riches vers la sortie comme cela s’est fait dans le privé. Il s’agit de favoriser son électorat au détriment de l’intérêt général.
Quant aux crèches, le nombre de place est gonflé par le recours aux crèches privées aidées par la Ville (locaux et subventions) mais qui n’ont rien à voir avec le service public (ne serait-ce que pour ce qui concerne les tarifs). De nouvelles places en crèche sont aussi ouvertes par la Ville en augmentant artificiellement le nombre d’enfants par crèche et dans des nouvelles structures mais sans effectifs supplémentaires (déplacement des personnels d’une structure à l’autre). Cela se fait donc au détriment de la qualité d’accueil.
La qualité des services publics parisiens ?
Sous le prétexte de faire des économies, la situation actuelle est partout la détérioration de la qualité. Les démarches sont d’un côté facilitées (en théorie) par internet mais sans les moyens matériels et humains de traiter les demandes, le service public devient incapable de traiter les demandes correctement et dans des délais raisonnables. Par exemple, depuis que les services délivrant les pièces d’identité et passeports ont été transférés de la Préfecture à la Ville, les délais ont explosés.
Encore heureux que les agents de la Ville ont le sens du service publics, ils se dévouent bien souvent pour assurer bien que les moyens fassent défaut.
Les privatisations pour économiser ?
Avec la novlangue adéquate de « délégation de service public », la mairie parle en réalité de privatisations à cause des économies « nécessaires ». Le plus symptomatique est la collecte des déchets qui est répartie aujourd’hui à 50 % public, 50 % privé. Les rapports faits par la Ville sont explicites : il faut privatiser pour éviter les grèves mais pas trop car sinon les quelques entreprises qui se partagent le marché imposeront leur tarifs et conditions comme c’est le cas partout ailleurs.
La « délégation de service public » est une aberration du point de vue économique mais aussi écologique comme on l’a vu avec Vélib’ : au changement d’opérateur, on détruit tout (stations, vélos, etc.) et on reconstruit avec l’aide des fonds publics (la Ville, vue la catastrophe, a mis à disposition ses moyens, notamment des personnels). Toujours des cadeaux aux entreprises privées pour pallier leurs carences, au détriment des usagers .
La politique du chiffre et de la rentabilité
L’intérêt général, qui est le propre du service public, disparait au nom des économies et est remplacée par la rentabilité. La gestion du stationnement (récupéré par la Ville et directement privatisé) en dit long : une entreprise qui verbalise sans se déplacer pour remplir les quotas décidés par la Ville, une verbalisation à outrance pour faire du profit.
De la même manière, les agents de surveillance qui avaient comme mission première la prévention, se transforment avec le projet de police municipale : c’est maintenant la politique du chiffre comme dans la police (chasse aux vendeurs de fruits et légumes ou de Tour Eiffel, chasse aux jets de mégots et dépôts d’ordure sauvage…).
L’urgence pour nos services publics
L’urgence devrait être de répondre aux besoins de la population. A contrario, les évolutions ne se font pas dans l’intérêt général mais uniquement dans une visée de communication électoraliste. Les services publics doivent prendre en charge les besoins, qui sont de plus en plus nombreux en période de crise.
Or la dématérialisation des services publics, sans les moyens suffisants, a pour effet de créer une fracture dans l’accès aux services publics, en faisant disparaitre l’accueil humain, l’échange. L’introduction des nouvelles technologies est aussi utilisée pour réorganiser le travail, contrôler le travail, de manière clientéliste. Avec l’application DansMaRue, les usagers sollicitent les services de la Ville pour, par exemple, un trou dans la chaussée. Les services doivent de plus en plus organiser leur travail pour répondre à cela en priorité par rapport aux autres taches programmées et réfléchies pour l’intérêt général.
Des besoins pour le service public et les agents
Des moyens matériels pour réaliser nos missions, des effectifs pour pouvoir le faire de manière qualitative (au contraire du quantitatif qui masque la dégradation) sont indispensable pour reconstruire des services publics de qualité. Et pour se faire dans l’intérêt général, il faut imposer un changement dans l’organisation du travail : il faut que les salariés et usagers aient le pouvoir de décider !
La Ville de Paris a un budget colossal près de 9 milliards d’euros. Ce budget est l’un des seuls parmi les collectivités locales, à avoir augmenté durent les 10 dernières années malgré la crise, notamment grâce aux droits de mutation (taxe sur les transactions immobilières). Alors plutôt que de financer le privé (la FIFA, le Comité Olympique ou autres qui sont aidés par la Ville de Paris alors qu’ils font des millions de bénéfices…), il faut investir dans les services publics et y faire des choix ambitieux.