L’horrible fait divers qu’est l’agression contre de jeunes enfants perpétrée à Annecy par un individu de nationalité syrienne est honteusement manipulée par le gouvernement, la droite et l’extrême droite qui font monter à son paroxysme l’hystérie raciste et xénophobe.
Alors que la mobilisation sur les retraites marque le pas, l’heure est à la surenchère raciste contre les migrantEs, boucs émissaires de tous les méfaits du capitalisme. Tandis que des néonazis défilent en toute impunité dans les rues de Paris, la droite et le gouvernement n’hésitent pas à surenchérir sur leur autre dossier favori après la casse sociale : l’immigration. Ils déroulent le tapis rouge à Zemmour, qui appelle à se défendre contre un prétendu « francocide », et à Le Pen qui, avec sa démagogie pseudo-sociale, tente de tirer les marrons du feu.
De Mayotte aux abayas
La loi immigration, mise en sourdine en raison des mobilisations, est finalement revenue au premier rang de l’agenda gouvernemental. Elle donne lieu aux tractations les plus sordides avec la droite LR qui cherche à occuper un espace politique autonome — entre le macronisme en crise et l’extrême droite — sur le dos des migrantEs. Ciotti renchérit en propositions racistes : réduction drastique de l’AME, obligation d’assimilation dans la Constitution, refus de régularisation même pour les métiers en tension, modification du droit d’asile… Et pendant ce temps, le gouvernement poursuit son opération raciste et coloniale Wuambushu à Mayotte, sans aucune préoccupation pour la population sur place, et ne veut prouver qu’une seule chose : immigration = délinquance, avec pour seule réponse la répression et les expulsions !
Cette même logique est appliquée en France. La campagne islamophobe reprend de plus belle, sur les mêmes thèmes, l’islam étant considérée comme éternelle étrangère en pays laïque. Le corps inassimilable de l’islam, c’est d’abord celui des femmes musulmanes, et plus précisément des jeunes femmes scolarisées.
Depuis le mois d’avril, les signalements de l’Éducation nationale en « atteinte à la laïcité » ont été montés en épingle pour identifier les difficultés auxquelles feraient face les personnels de l’éducation… au port de l’abaya, robe longue et ample fréquemment portée par les femmes musulmanes, associée au hijab, que les élèves sont déjà contraintes de retirer. Présentées depuis le début d’année de la même façon que des faits de délinquance, plus de 500 cas auraient été signalés en avril et en mai, tandis que le phénomène serait potentiellement sous-documenté, et les professeurEs seraient « démunis », manifestement troublés par les tenues de leurs élèves. La criminalisation de l’islam comme religion est ainsi rampante.
Stopper une vague pestilentielle
Cette criminalisation rejoint les autres antiennes du racisme français : pour les démagogues de droite et d’extrême droite, les immigréEs des anciennes colonies et leurs descendantEs sont un danger pour la sécurité des Français, et un poids pour les services publics. Dans un entretien donné à l’Express, l’ancien Premier ministre Édouard Philippe n’a aucun embarras à faire des MaghrébinEs la maladie qui atteint les services publics français quand il évoque leur « embolie ». Cette maladie, il la nomme — c’est l’islam : « [Peu] de Français [considèrent] qu’il y a trop d’immigrés ukrainiens [, pour beaucoup] l’islam est devenu un sujet central, un sujet inquiétant, un sujet obsédant ». Statistiques à l’appui, il désigne la part dans l’immigration que représentent les AfricainEs, qui aurait augmenté de 8 % alors que l’immigration dans sa totalité est stable. De même, sur la délinquance : celle-ci, encore, serait le fait d’immigréEs alors que toutes les statistiques sur les faits de délinquance démontrent l’exact contraire.
La forte mobilisation contre la réforme des retraites a un moment tenu en respect la bête immonde du racisme et de la xénophobie. Aujourd’hui, pour les réactionnaires de tout poil — de Macron-Darmanin à Le Pen-Zemmour en passant par Ciotti, l’heure de la revanche a sonné et la chasse est ouverte contre les plus vulnérables d’entre nous. Il est de la responsabilité du mouvement ouvrier, de ses organisations syndicales, associatives et politiques, de stopper cette vague pestilentielle et de mettre au centre de son combat pour le progrès social la lutte antiraciste et antifasciste.