Le dernier ouvrage réalisé par le groupe de travail « Migrations et mondialisation » du conseil scientifique d’Attac donne la parole à des acteurs de terrain investis dans la participation aux luttes de sans-papiers, et porteurs de propositions alternatives. Après une réflexion sur la définition et la réalité des migrations dans le monde et surtout en France, les auteurs rappellent ce qu’a été l’histoire des migrations et le rôle des migrants, ni fardeau ni marchandise, mais des humains qui agissent en tant que transformateurs des sociétés mondiales. Le livre détaille ensuite les politiques successives de rejet et dénonce l’Europe forteresse et l’utilitarisme migratoire. Le rappel de l’article 13 de la Déclaration des droits de l’homme montre en quoi ces législations criminalisantes leur portent atteinte. Car la revendication de la liberté de circulation, qui semble si excessive à certains, y figure déjà en toutes lettres. Viennent ensuite des questions « polémiques », telles que le danger économique que ferait peser l’immigration et la menace sur une supposée « identité nationale ». Questions fantasmées auxquelles les auteurs opposent le simple constat de la réalité. La conclusion affirme l’apport des migrations aux relations Nord/Sud, et s’ouvre sur une citoyenneté de résidence, autour de l’axe essentiel du droit de vote et d’éligibilité, envisagé ici très progressivement. En annexe figure l’interpellation d’Evo Morales à l’Union européenne sur la directive Retour, et un bref éclairage sur les luttes de sans-papiers. Un livre utile, qui permet de susciter une élaboration collective sur la question stratégique, sociale et politique de l’égalité des droits entre Français et immigrés.Gisèle Felhendler
Éditions Syllepse, 128 pages, 7 euros