Publié le Mercredi 16 mars 2011 à 21h09.

Fuite en avant raciste

La loi Besson sur l’immigration a été adoptée définitivement le 15 mars par l’ensemble de la droite, dans un contexte de propos racistes envers les immigrés. La lutte pour les droits des étrangers continue. Sarkozy et son gouvernement sont au plus bas dans les sondages. Certains à droite commencent même à imaginer un autre candidat pour 2012 car ils craignent la défaite avec Sarkozy. Mais pour l’instant, la droite n’a pas d’autre candidat. Pour essayer de reprendre la main, elle nous ressort donc toujours la même recette : agiter la menace de « la déferlante d’immigrés ». La députée Chantal Brunel a confirmé ses propos honteux en demandant que « l’Europe donne des moyens financiers à l’Italie pour affréter des bateaux pour reconduire [les immigrés] dans leurs pays d’origine ». Cette députée UMP ne fait que reprendre la logique de Sarkozy concernant les révolutions arabe. Il mettait en garde le 27 février contre « les conséquences de telles tragédies sur les flux migratoires. C’est la France qui serait en première ligne ». Cette politique a pour résultat de légitimer les discours de Marine Le Pen et de favoriser la progression fasciste. C’est dans ce contexte qu’a été adoptée définitivement le 15 mars la nouvelle loi sur l’immigration, dite loi Besson, la cinquième en sept ans. Le gouvernement a retiré, sous la pression des députés centristes, son fameux amendement annoncé cet été à Grenoble sur la déchéance de la nationalité pour ceux qui auraient tué un policier. Ce recul est plus symbolique mais ne remet pas du tout en cause la logique extrêmement répressive de cette loi. Borloo et ses amis veulent se différencier de Sarkozy sur les aspects les plus « spectaculaires » (le meurtre de policier ne concernant que quelques personnes), mais ils ont par contre voté tout le reste avec l’UMP, cautionnant une politique complètement raciste. Avec cette nouvelle loi, plus de 28 000 étrangers gravement malades et soignés en France pourront être expulsés car cela coûte « trop cher » ! Autre nouveauté dans le code civil à propos de la naturalisation : la mise en place d’un examen de français où les étrangers devront prouver leur attachement « aux valeurs de la République ». Une « carte bleue » européenne va être mise en place pour poursuivre le pillage en main-d’œuvre qualifiée (médecins, ingénieurs…) dans les pays pauvres, tout en précarisant encore plus la majorité des immigrés. Les expulsions vont également être facilitées, puisque si « un groupe d’au moins dix étrangers vient d’arriver en France en dehors d’un point de passage frontalier, en un même lieu ou sur un ensemble de lieux distants d’au plus dix kilomètres, la zone d’attente s’étend du ou des lieux de découverte des intéressés jusqu’au point de passage frontalier le plus proche ». Des centres de rétention sauvages pourront être créés, inaccessibles aux avocats : des « mini Guantanamo ». Le fantasme de l’invasionCe discours est totalement politicien et idéologique, la menace d’une « invasion » est un fantasme agité par la classe dominante. Même l’ancien porte-parole de l’UMP Dominique Paillé, devenu président de l’office français de l’immigration et de l’intégration, déclare : « Mis à part le cas particulier de quelques arrivées à Lampedusa en Italie, qui est à part, tout cela relève de la pure fiction ». La seule chose qui a changé depuis la révolution tunisienne, c’est qu’il y a moins de morts en Méditerranée et donc plus de survivants qui arrivent à traverser la mer, car il y a moins de patrouilles de police tunisiennes et surtout libyennes, qui coopéraient avec la police européenne dans le cadre de Frontex (cela reste cependant toujours risqué, 35 migrants ont disparu le 15 mars). Depuis 20 ans, alors que l’on ne cesse de nous « matraquer » avec le « problème » de l’immigration, celle-ci n’a absolument pas varié selon les chiffres officiels de la fondation Schuman. En 2010, on comptait 8,6 % d’immigrés en Europe : 6,5 % en France et 10 % en Allemagne. En ajoutant les étrangers et les Français naturalisés nés à l’étranger, cela représente 8 % de la population en France, soit seulement 0,6 % de plus qu’en 1990 (7,4 %). Nous nous opposons donc avec la plus grande fermeté à cette nouvelle loi, nous devons poursuivre la lutte antiraciste, obtenir la régularisation de tous les sans-papiers. La révolution arabe n’est pas une « menace » mais bien une opportunité et nous sommes totalement solidaires des luttes de l’autre côté de la Méditerranée. À l’heure où des milliers de Libyens sont massacrés, il faut ouvrir les frontières, cesser les patrouilles Frontex, arrêter les expulsions, fermer les camps de rétention partout en Europe… Bienvenue à tous les immigrés ! Antoine BoulangéPréparons dès maintenant la grande manifestation antiraciste, contre la politique d’immigration, pour la régularisation des sans-papiers le 28 mai à Paris.Appel unitaire, infos, matériel sur : http://dailleursnoussommesdici.org