Publié le Mercredi 19 février 2025 à 18h30.

Identité nationale : Nouvelle offensive raciste au plus haut sommet de l’État

Le rapprochement entre la politique du gouvernement et celle de l’extrême droite ne cesse de s’accélérer. Le 27 janvier, François Bayrou évoque le « sentiment de submersion migratoire »… à Mayotte. Deux semaines plus tard, le 7 février, il annonce la reprise d’un débat sur « l’identité nationale ». 

Rappelons que ce débat a été lancé une première fois en 2009 par Nicolas Sarkozy, à l’initiative de Patrick Buisson. L’ancien socialiste Éric Besson, alors ministre de l’Immigration et de l’Identité nationale, avait organisé un « grand débat » qui tournait principalement autour de l’immigration et des personnes musulmanes en France.

Un débat pour légitimer la chasse aux étrangerEs

Loin d’être effrayé par une instrumentalisation de l’opinion publique qui ne peut que nourrir le climat raciste et profiter à l’extrême droite, Olivier Faure, président du Parti socialiste, a estimé que « le débat sur l’identité nationale n’est pas tabou », suivi par Pierre Jouvet, député européen socialiste, affirmant que « c’est une bataille culturelle qu’on doit mener ». Ce ne sont malheureusement pas des sorties individuelles ou isolées : toute une partie de la gauche participe au climat islamophobe et à la normalisation du racisme, et ça ne date pas d’hier ! 

En réalité, ce débat vise à mettre la question des « étrangers » au cœur du débat public et à légitimer toujours plus la chasse aux personnes immigrées, que ce soit via la circulaire Retailleau, qui fait suite en la durcissant encore à la loi Darmanin, ou via le projet de loi LR sur la restriction du droit du sol à Mayotte.

Récemment, Bruno Retailleau reprenait la proposition RN de restreindre le droit du sol sur tout le territoire français, prononçant cette déclaration nauséabonde : « Là [à Mayotte], vous avez un exemple, sur un petit territoire, d’une société totalement déséquilibrée par les flux migratoires. Or, ce sont des musulmans, ils sont noirs… Voilà. C’est simplement qu’aucune société, quelle que soit la culture, ne peut ­supporter une proportion où il y a, comme disait le Premier ministre, une submersion. »

Stigmatisation des personnes issues de l’immigration

Au-delà de la seule question anti-immigration, il s’agit également de stigmatiser toutes les personnes racisées de ce pays, qu’elles aient des papiers ou non. Au cœur de la rhétorique raciste de l’extrême droite, il est question de s’en prendre aux personnes issues de l’immigration, principalement issues de l’Afrique subsaharienne ou de l’Afrique du Nord, qui selon eux, « profiteraient des aides au détriment des honnêtes travailleurSEs françaisEs » (c’est-à-dire blancs). De même, le débat sur l’identité nationale est l’occasion de s’attaquer aux personnes musulmanes de ce pays par une surenchère islamophobe. En témoigne déjà la multiplication des mesures vexatoires (perquisitions, mises en examen, fermetures d’établissements scolaires...) et le projet de loi LR au Sénat visant à interdire le port du voile dans toutes les compétitions sportives de ce pays, avant que Retailleau ne reprenne prochainement, à n’en pas douter, son projet d’interdire le voile à l’université et pour ­l’accompagnement des sorties scolaires.

Construire des convergences antifa, féministes et antiracistes

Pour contrer cette offensive raciste, la stratégie de l’électoralisme est une impasse. C’est dans la rue que nous riposterons, par le rapport de forces, sans rien céder politiquement, contre le racisme d’État qui fait la guerre aux sans-­papiers, aux exiléEs, aux mineurEs en lutte et à toutes les personnes racisées de ce pays ! 

Cela donne des ailes aux agresseurs fascistes comme ceux qui le 16 février à Paris, ont blessé deux militants à l’arme blanche, ou ceux qui viennent intimider les mineurs de la Gaîté Lyrique. 

Construire dans la plus large unité les mobilisations des 8 mars (grève féministe et antifasciste), 15 mars (contre les violences policières racistes) et 22 mars (contre le racisme), est une nécessité. Elles doivent être des moments de convergences antifascistes, féministes et antiracistes.

Commission nationale antiracisme