Publié le Jeudi 31 mars 2016 à 08h45.

Migrant-E-s : Relancer la mobilisation

Absurdes et inhumaines, les décisions prises par les dirigeants européens lors du sommet entre l’UE et la Turquie aggravent partout les conditions de vie des migrantEs. 

Depuis le 20 mars, date d’application des mesures prises au sommet européen, les migrantEs détenus au camp de Moria sur l’île de Lesbos en Grèce sont répartis en deux catégories : les « before 20th » et les « after 20th »... Faute de moyens, les demandes d’asile ne sont pas enregistrées et les nouveaux arrivants deviennent ainsi des prisonnierEs. Cette situation plonge les ONG dans un abîme de perplexité : le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) lui-même dénonce l’incurie des autorités européennes.

Pris dans la nasse grecque, de nombreux réfugiéEs tentent maintenant de rejoindre l’Albanie dont les autorités se déclarent impuissantes à en héberger plus d’un millier pour une durée maximum de cinq jours. Le gouvernement bulgare quant à lui a déclaré ce week-end « qu’il est prêt à installer une barrière, un nouveau rideau de barbelés pour prolonger celui qui existe déjà »...

à Calais, toujours la « jungle »... et de nouveaux camps

La destruction de la zone sud du bidonville n’a eu pour résultat que de surpeupler la zone nord, et obliger les migrantEs à organiser de nouveaux camps, moins importants, plus discrets, dans des conditions de vie encore plus précaires que celles de la « jungle ».

Les 24 « bouches cousues » iraniens au bout de 24 jours de grève de la faim ont suspendu leur action sur conseil de leurs soutiens, et après de vagues promesses d’amélioration des conditions de vie faites par les autorités.

à Paris, le nouveau campement de Stalingrad

En quelques semaines, un nouveau campement s’est constitué dans le 19e arrondissement, sous le métro aérien de Stalingrad. Peuplé de Soudanais, d’Érythréens,  de Somaliens et d’Afghans, les conditions d’hygiène y sont insupportables. Totalement défaillantes, la préfecture et la mairie de Paris ne prennent aucune mesure pour améliorer leur situation, si ce n’est d’envoyer des flics qui multiplient les provocations et les brutalités.

Et comme lors des campements de la rue Pajol et du jardin d’Éole, c’est la solidarité de la population qui pallie les carences de l’État. Les riverains, très mobilisés, fournissent des vêtements et préparent des repas pour ces nouveaux arrivants, dont certains reviennent de Calais où leur espoir de rejoindre l’Angleterre est pour l’instant bouché.

Reprendre la main

Attentats, état d’urgence, lutte contre la loi travail... Le soutien aux réfugiéEs et migrantEs connaît actuellement des difficultés à trouver sa place dans la multitude des sujets d'inquiétude. Les militantEs antiracistes du NPA, investis dans le soutien aux migrantEs et réfugiéEs et qui avaient coorganisé la manifestation de Calais du 23 janvier dernier, s’emploient à relancer le collectif unitaire parisien qui avait organisé plusieurs manifestations au cours des mois précédents. L’urgence immédiate serait d’organiser une manifestation en soutien aux réfugiéEs de Stalingrad.

Le 11 juin, les militantEs de Stand Up To Racism, en coopération avec plusieurs syndicats et l’Assemblée contre l’austérité (AAA), ont décidé d’organiser un « grand convoi de soutien » aux habitantEs de la « jungle » de Calais. Une date qui pourrait être l’occasion d’une nouvelle manifestation  internationale.

Alain Pojolat