Publié le Vendredi 25 février 2011 à 20h16.

Racisme, non à la politique de la peur

Le 8 mars, l’Assemblée nationale doit examiner une nouvelle loi sur l’immigration, renforçant encore les mesures contre les étrangers.  Cela rend d’autant plus important de construire dès maintenant la manifestation contre le racisme prévue au mois de mai. Une nouvelle fois, lors de son show télévisé « Face aux Français », Sarkozy a ressorti sa carte rance et moisie, celle du racisme. Face aux provocations de Marine Le Pen, il en rajoute : « La vérité c’est que dans toutes nos démocraties, on s’est trop préoccupé de l’identité de celui qui arrivait et pas assez de l’identité du pays qui accueillait… Si certains pensent que les prières dans la rue ne sont pas un problème, que des imams ne parlent pas français, ce n’est pas un problème, ce n’est pas mon avis ». Il agite un chiffon rouge. Pour diviser, Sarkozy multiplie les amalgames, les mensonges afin de nous faire croire que les immigrés, et en particulier les musulmans, seraient une menace. Toute la politique du gouvernement va dans ce sens. Le 8 mars prochain, une nouvelle loi sur l’immigration va être votée et le gouvernement la durcit. Alors que le Sénat, où l’UMP n’a plus la majorité absolue, avait supprimé quelques mesures tout particulièrement stigmatisantes, Hortefeux les a fait rétablir : déchéance de la nationalité, allongement du délai d’intervention du juge de la liberté et de la détention de deux à cinq jours, simplification des mesures d’éloignement… Même si le Sénat la rejette à nouveau, l’UMP a prévenu : « S’il n’y a pas d’accord, l’Assemblée fera jouer son droit souverain et votera le texte en troisième lecture. » Hortefeux a déclaré à propos de l’arrivée de plusieurs milliers de Tunisiens en Italie : « Ce n’est l’intérêt ni de la Tunisie qui l’a parfaitement compris, ni de l’Europe, ni de la France que d’encourager et d’accepter ces migrations clandestines, la réponse doit être une réponse européenne. » C’est bien la politique européenne répressive et la mise en place d’une Europe forteresse qui sont en cause. La chasse aux étrangers est organisée aux frontières de l’Union européenne par le dispositif Frontex, qui repose sur la coopé­ration entre les polices européennes et celles des dictateurs. Le Parlement européen a voté, le mois dernier, la négociation d’un accord d’association avec la Libye du boucher Kadhafi en échange de sa collaboration dans la lutte contre l’immigration clandestine. Cette politique de contrôle des frontières repose sur le soutien aux pires dictatures du Maghreb et montre bien l’hypocrisie, voire le cynisme, de l’Europe dans son soutien aux « processus démocratiques » en Tunisie, en Égypte, en Libye… Il y a urgence à s’opposer à cette surenchère raciste. Le gouvernement est dans une situation contradictoire par rapport à la révolution arabe. Officiellement, il soutient la « démocratie » et se félicite de la chute des dictatures. En réalité, la classe dominante occidentale a soutenu les dictatures jusqu’au bout. Les révolutions vont à l’encontre des intérêts de l’impérialisme et des occidentaux. Il y a fort à parier que Sarkozy et compagnie vont bientôt agiter le spectre de « l’islamisme » et de « l’invasion étrangère » pour tenter de décrédibiliser ces luttes. Au niveau intérieur, la politique raciste et sécuritaire risque d’être un des principaux enjeux de la campagne présidentielle. Une échéance importante se prépare avec la manifestation à Paris le 28 mai « contre le racisme, la politique d’immigration du gouvernement et pour la régularisation des sans-­papiers », soutenu par les syndicats CGT, Solidaires, FGTE-CFDT, de très nombreuses associations, Europe Écologie-Les verts, le PCF et le NPA. D’ores et déjà, des collectifs locaux se mettent en place et multiplient les initiatives afin de faire de cette journée une grande échéance nationale. Montrons dans la rue que nous sommes nombreux à refuser cette politique. Au contraire, nous nous battons pour une Europe ouverte à tous, avec l’égalité réelle entre nationaux et étrangers, pour la liberté de circuler et de s’installer. Refusons la politique de la peur.Antoine Boulangé