Publié le Mercredi 30 mars 2022 à 09h22.

Réfugié·E·s Pour un accueil sans discrimination de toutes et tous !

Depuis le début de l’invasion impérialiste de l’armée russe contre l’Ukraine le 24 février, plus de 2,5 millions de personnes se sont déjà réfugiées à l’étranger, majoritairement en Pologne. Environ deux millions de personnes ont été déplacées au sein de l’Ukraine même.

Partout à travers l’Europe, de larges secteurs des populations s’organisent pour aider, rassembler du matériel, de la nourriture, des vêtements, des médicaments et pour accueillir des réfugiéEs.

Cet élan de solidarité est bien sûr à saluer, mais doit être élargi à toutes et tous sans discrimination.

Traitement médiatique et pratiques politiques racistes

Les préjugés racistes se sont en effet multipliés dans les médias. Une Association étatsunienne de journalistes arabes et du Moyen-Orient (AMEJA) a déploré plusieurs « exemples de couverture médiatique raciste, donnant plus d’importance à certaines victimes de guerre qu’à d’autres ». Elle évoque « une mentalité répandue dans le journalisme occidental qui tend à normaliser la tragédie dans certaines régions du monde », notamment au Moyen-Orient. La différence de traitement est d’autant plus frappante que c’est aussi l’État russe qui intervient militairement en Syrie depuis octobre 2015 en soutien du régime ­despotique des Assad.

Comment ne pas oublier le sort de plusieurs milliers de réfugiéEs en provenance de Syrie, d’Irak et d’Afgha­nistan, bloqués il y a quelques mois dans des conditions terribles dans l’immense forêt de Podlachie, entre Pologne et Biélorussie. Après l’instrumentalisation du régime de Minsk de la détresse des réfugiéEs afin de les encourager à se diriger vers la Pologne, l’État polonais avait déployé plusieurs milliers de soldats pour appuyer les gardes-frontières dans l’est du pays pour les repousser de force. Varsovie avait également créé à la frontière une zone spéciale fermée aux ONG humanitaires et aux médias. Plus d’une douzaine de réfugiéEs sont morts de froid et de faim durant ces évènements dans les forêts polonaises.

L’État polonais gouverné par le parti national-conservateur Droit et Justice (PiS) a en plus débuté en janvier 2022 la construction d’un immense mur, qui aura une hauteur de plus de cinq mètres et sera équipé de caméras et de capteurs à détection, s’étendant sur 180 kilomètres dans l’une des plus grandes forêts d’Europe pour empêcher les réfugiéEs d’entrer sur son territoire.

À la suite de l’invasion russe de l’Ukraine, des pratiques discriminatoires et racistes ont d’ailleurs été dénoncées contre les réfugiéEs d’origine africaine ou arabe qui ont été bloqués à la frontière ukrainienne ou non acceptés en Pologne. Des vidéos partagées sur les réseaux sociaux sous le hashtag #AfricansinUkraine montrent des scènes de fortes tensions et des individus africains empêchés de monter à bord de trains quittant le pays.

Politique d’accueil à géométrie variable

Les dirigeants européens ne parlent plus de « protection contre des flux migratoires irréguliers », comme le déclarait Emmanuel Macron à propos des AfghanEs fuyant leur pays l’été dernier, ou de « crise des migrants » lorsque des SyrienEs, IrakienEs et AfghanEs empruntaient récemment le même chemin. L’Union européenne et la Suisse ont au contraire adopté des décisions instaurant une protection temporaire des personnes fuyant l’Ukraine, leur garantissant toute une série de droits comme l’accès au marché du travail et au logement, l’assistance médicale et l’accès des enfants à l’éducation.

C’est une bonne chose et cela démontre en même temps que l’argument de saturation des lieux d’hébergement et du manque de moyens sans cesse avancé par les classes dirigeantes pour justifier leurs politiques d’accueil restrictives ne sont que des mensonges. Les expulsions de réfugiéEs en Suisse et dans d’autres pays en Europe se poursuivent d’ailleurs toujours. 

Mobilisons-nous pour un accueil digne des réfugiéEs en provenance d’Ukraine, et de tous les réfugiéEs, d’où qu’ils et elles viennent. 

Article publié dans le n° 406 de solidaritéS