Éditions critiques, 144 pages, 12 euros.
«L’objet de ce petit livre est seulement de rappeler pourquoi c’est une illusion d’en appeler à l’État pour guérir les maux sociaux ou stopper les dégâts écologiques et autres désastres que démultiplie aujourd’hui un capitalisme en crise incurable, et qui suscitent en réaction des colères populaires de plus en plus massives et émeutières » : Tom Thomas veut répondre aux discours, de gauche comme de droite, et discuter avec ces Gilets jaunes pour lesquels il suffirait de se « débarrasser des élites », que « l’État se rapproche du peuple » (par exemple par le biais de référendums), « qu’il restaure la souveraineté nationale et soutienne le capital national » pour sortir de la crise.
Un appareil chargé d’imposer l’ordre bourgeois
L’actualité (l’essai a été écrit en avril 2020) est venue illustrer le propos de l’auteur. L’État n’est pas le représentant de la collectivité ni seulement une force répressive au service des intérêts généraux de la bourgeoisie. C’est un appareil chargé d’imposer son ordre, de lui permettre de faire le plus de profits par des moyens de coercition mais aussi idéologiques et de propagande. Ses caisses étaient vides pour les salaires de ses agentEs, des embauches dans le service public, mais il a trouvé magiquement de l’argent pour sauver les entreprises. Il a été d’autant plus leur représentant que le capitalisme mondialisé et sénile non seulement n’est plus capable de se maintenir sans extraire un maximum de plus-value des travailleurEs par des mesures de plus en plus autoritaires, mais est même amené à dépenser des milliards pour compenser ses propres destructions d’emplois, ses propres fermetures de lits…
En montrant comment l’État capitaliste a évolué en fonction des besoins de la bourgeoisie, extrayant de la plus-value du travail de la façon la plus directe et féroce au début du capitalisme, concédant quelques miettes en période de prospérité après la Seconde Guerre mondiale, ne pouvant plus rien céder aujourd’hui, l’auteur conclut, démystifiant les illusions sur « l’humain d’abord » et autres « sorties de crise » : « En appeler à l’État pour "humaniser" le capitalisme, c’est comme en appeler au lion pour qu’il ne soit plus carnivore ». L’issue ne peut être que révolutionnaire, dans le renversement de la propriété capitaliste par les travailleurEs.
Les brefs essais très clairs de ce marxiste militant, dont le Capital automate ou La face cachée des nouvelles technologies, sont disponibles en libre accès sur internet : www.demystification.fr.