Publié le Mercredi 13 janvier 2021 à 12h51.

Louise Michel, la Vierge rouge, de Marie et Bryan Talbot

Éditions la Librairie Vuibert, 141 pages 19,90 euros.

Dans ce roman graphique saisissant, publié par la Librairie Vuibert, Mary et Bryan Talbot retracent l’histoire de Louise Michel. La bande dessinée nous transporte dans le magnifique désordre de la Commune de Paris de 1871 jusqu’aux insurrections des Kanak en Nouvelle-Calédonie que la communarde, déportée après la chute de la République sociale, a soutenues. Malgré ses requêtes, elle n’avait pas été exécutée parce que femme. Le roman s’ouvre avec l’arrivée de Charlotte Perkins Gilman à la gare de Lyon en 1905, le jour des funérailles de la Vierge Rouge, avec laquelle elle partage le travail précurseur sur le féminisme et la passion pour le roman utopique. L’écrivaine états­unienne nous accompagne tout au long du récit.

Symbole immortel du désir de révolution

On plonge ensuite dans un Paris assiégé par la Prusse et ravagé par la pauvreté. Nous sommes le 9 décembre 1870. Les quartiers pauvres du nord, Montmartre, Belleville et la Villette, rêvent d’une révolution sociale depuis des années. Ce besoin devient de plus en plus urgent pour Louise Michel qui préconise une science au service de l’égalité et du progrès humain et des formes d’autogestion et de gouvernement du peuple. Puis, le 18 mars 1871, elle participe activement à l’insurrection contre le gouvernement de Thiers qui voulait récupérer les armes restées dans la ville après la défaite avec la Prusse.

On savoure alors chaque instant de ce moment décisif où la garde nationale fraternise avec le peuple et prend le contrôle de la ville. Dix jours après l’insurrection, la Commune est officiellement proclamée.

Institutrice, ayant refusé de prêter serment devant Napoléon III, Louise harangue les foules avec ses discours sur les droits des femmes, l’éducation comme moyen d’émancipation et la nécessité d’abolir la propriété privée. Le 16 avril, la Commune publie un décret qui permet de réquisitionner les ateliers parisiens inutilisés et de les transformer en coopératives industrielles. Les immeubles vacants sont utilisés pour héberger les sans-abris, les dettes des foyers en difficulté sont effacées. Mais cette ferveur est matée dans le sang par l’armée de Versailles qui brise temporairement le rêve de la Commune sans pour autant en effacer l’idéal révolutionnaire. La brève vie de la Commune constitue un laboratoire toujours actuel pour penser une société égalitaire où les femmes et les hommes prennent en main leurs affaires et refusent la soumission à l’ordre établi.

Préparant le terrain pour les mouvements socialistes, anarchistes, féministes et décolonialistes à venir, Louise Michel devient le symbole immortel de ce désir de révolution.