Édition 10/18, 504 pages, 8,80 euros.
Power est un roman qui nous plonge dans l’histoire fiévreuse et tourmentée du Black Panthers Party en nous donnant, tout au long du récit, des rendez-vous avec aussi bien les figures de ses inspirateurs, comme Malcolm X ou Frantz Fanon, que ses soutiens actifs, de Marlon Brando à Otis Reding, Jimi Hendrix, James Brown, Mohamed Ali ou encore Jean Seberg ou Jean Genet.
Michaël Mention, dans un style incisif, claquant, violent comme nombre de ses personnages, va nous conduire de l’apogée du BPP dans les années 1965-1970 à sa funeste descente presque en enfer...
Un texte captivant
Très précis historiquement, alliant réalité et un peu de fiction (c’est un roman) nous plongeons dans la communauté noire, dans ses combats révolutionnaires empreints de marxisme et dans le cheminement théorique et pratique du mouvement des Blacks Panthers, qui a marqué fortement le paysage politique étatsunien des années 1960-1970 et toute une génération.
Cet épisode, dont les ramifications ne sont pas éteintes, avec les discriminations, le racisme, les violences policières, ne fut évidemment pas un long fleuve tranquille pour les activistes qui y participèrent.
Ponctuée d’assassinats commandités par le FBI, comme ce fut le cas pour Malcolm X puis Martin Luther King et bien d’autres, cette période fut très violente, à l’image de la violence subie par les minorités, dont la communauté noire, dans un contexte d’amplification de la guerre menée par l’impérialisme américain au Vietnam.Le texte est captivant, autour de la vie et de l’engagement de certaines et certains des protagonistes.
Un mouvement révolutionnaire
Avec son style « punchline », entrecoupé de références aux textes de Malcolm X, Fanon, Angela Davis, Michaël Mention nous immerge dans le quotidien de ses personnages, des jeunes militantEs du BPP, des dirigeants, et aussi de la traque du FBI qui va infiltrer le mouvement et parvenir, partiellement, à le gangrener de l’intérieur en s’appuyant sur les gangs, les groupes rivaux, les dissidences, la violence meurtrière des policiers, celle des « porcs » comme les surnomment les Blacks Panthers.
Sauf que ce sont aussi les graves contradictions internes, les désunions dans la théorie et les pratiques du mouvement qui accélérèrent son affaiblissement et sa fin.Et pourtant, au fil des pages, on y retrouve un mouvement révolutionnaire qui n’était pas seulement bérets, vestes de cuir et fusils à pompe.
Il y avait la lecture, l’éducation, les cantines et l’aide aux devoirs pour les enfants des ghettos, les cliniques... tout un monde alternatif avec aussi ses codes, sa morale et sa musique, qui elle, va parcourir tout le roman par une « playlist » qui donne envie de tout réécouter après avoir fermé le livre, décidément noir mais dont l’espoir peut resurgir comme celui de voir Mumia Abu-Jamal, cité dans le livre, un jour être libéré après 38 années d’emprisonnement...
Car « Noirs, Blancs, Jaunes. Et putain, c’est bon d’être ensemble. Vivants. Libres. Heureux » nous dit Charlane. Elle fut une jeune Black Panther.