De Milagro, de Guillaume Mazurage. Éditions Robinson, 56 pages, 11 euros.
«Des danseurs, des ouvriers, des ingénieurs, des avocats… tous ont plaqué leur ancienne vie pour essayer de faire changer les choses… Tout le monde peut le faire, il suffit d’en avoir la volonté » confie un vieux militant de Sea Shepherd à l’auteur de la BD avant de partir à l’assaut d’un vaisseau de la pêche industrielle et de différents braconniers dans le golfe de Cortez au Mexique.
La lutte pour sauvegarder le « vaquita », menacé d’extinction par le capitalisme
En Basse-Californie (Mexique), dans les eaux turquoises de la mer de Cortez, les équipages de Sea Shepherd, l’ONG créée par Paul Watson il y plus de 40 ans déjà, livrent une guerre sans merci aux capitalistes de la pêche industrielle et aux braconniers (souvent payés par les premiers) pour tenter de préserver le « vaquita », le mammifère marin le plus rare au monde et dont l’existence est gravement menacée. À la différence d’autres mouvements écologistes plus ou moins radicaux, Sea Shepherd n’hésite pas à employer la force avec ses faibles moyens pour barrer la route aux destructeurs de la planète.
Guillaume Mazurage, l’auteur/dessinateur de cette BD (sa première), a commencé sa vie dans le monde de « merde » du management et écœuré est revenu à ses amours d’adolescent : la BD. Il se réhabilite donc et renaît au contact des pirates des deux sexes qui n’ont pas seulement un beau discours écolo mais se confrontent à une réalité souvent violente. Grand amateur de navigation et de plongée sous marine, Mazurage, conseillé par le célèbre Pierre Christin1, s’est donc engagé pour une croisière en défense des océans.
Avec les chasseurs de chasseurs de baleine
Mazurage embarque le lecteur à bord du John-Paul Dejoria, un navire appartenant à l’organisation du Capitaine Paul Watson, pour une campagne de plus de six mois qu’il va résumer en 56 pages. Rondes de jour comme de nuit, remontée sauvage des filets de la pêche industrielle et braconnière, acharnement vétérinaire pour sauver les mammifères encore vivants. Guerre contre les capitalistes avec des canons à eaux contre des armes à feu, interventions troubles des militaires mexicains. Rixes et règlements de comptes musclés au port de San Felipe. L’aventure est bien là mais c’est du vécu comme les gros grains essuyés par le John-Paul Dejoria. Les amateurs de navigation seront ravis et les autres fascinés. Le découpage de la BD est encore sage mais c’est un premier ouvrage. Sea Shepherd Milagro n’est que le tome 1 d’une série qui annonce des orages beaucoup plus gros.
- 1. Pierre Christin dont nous avons chroniqué le dernier ouvrage sur Orwell dans l’Anticapitaliste n°499 du 28 novembre 2019.