Fini le climato-négationnisme, exit les climato-sceptiques ! Tout le monde semble d’accord : il faut rester en deçà de 1,5 °C d’augmentation de la température de la terre par rapport à la période préindustrielle. Alors pourquoi les émissions de gaz à effet de serre (GES) continuent-elles d’augmenter ? Pourquoi les engagements cumulés des États nous conduisent-ils à une augmentation 2,7°C à la fin du siècle ?
Pour rester en dessous de 1,5 °C, les émissions mondiales de CO2 doivent baisser de 59 % d’ici 2030 et être réduites à zéro d’ici 2050. Mais 59 % est un objectif global, si on tient compte des responsabilités différentes du Nord et du Sud, les pays développés devraient réduire leurs émissions beaucoup plus radicalement, d’au moins 65 % pour l’Union Européenne. Les quatre cinquièmes de ces émissions proviennent de la combustion des énergies fossiles (gaz, charbon, pétrole) qui couvrent encore plus de 80 % des besoins en énergie. 90 % des réserves d’énergie fossile doivent rester dans le sol. Mais pour les groupes qui les exploitent, ces réserves représentent un énorme capital auquel ils ne peuvent envisager de renoncer. La valeur du système d’extraction, exploitation raffinage, transport… des fossiles s’élève à un cinquième du PIB mondial. Parce que les capitalistes et les gouvernements qui les servent refusent de détruire ce capital ils ne peuvent pas enrayer la catastrophe climatique.
La multiplication des évènement extrêmes, manifestations dramatiques du bouleversement climatique (sécheresses, ouragans, mégafeux…), la mobilisation des peuples et de la jeunesse dans le monde, rendent politiquement intenable de poursuivre ouvertement le déni et l’inaction.
Blablabla, mensonges, tromperies, fausses solutions et vrai colonialisme
Le blablabla, ce sont les grandes déclarations sur l’urgence, la gravité de la situation…
La liste des mensonges est longue. La Commission de l’UE affirme que « le processus mondial d’abandon des combustibles fossiles est déjà bien engagé ». FAUX ! Les gouvernements prévoient une augmentation de la production mondiale de pétrole et de gaz, une trop faible baisse de celle du charbon, conduisant en 2030 à une utilisation des combustibles fossiles plus de deux fois supérieure à celle qui serait compatible avec l’objectif des 1,5 °C.
Le versement des pays riches au Fonds vert pour aider le Sud global à faire face au changement climatique atteindra bientôt (en 2023 !) les 100 milliards de dollars par an promis il y a plus de 10 ans. En 2019, les versements n’arrivaient pas à 80 milliards et surtout 80 % des fonds publics alloués sont des prêts, donc remboursables !
La tromperie majeure est la « neutralité carbone en 2050 » appelée aussi « émission nette zéro ». La meilleure illustration est donnée par Greta Thumberg : « J’ai le plaisir d’annoncer que j’ai décidé de devenir net-zéro sur les gros mots. Dans le cas où je dirais quelque chose d’inapproprié, je m’engage à compenser en disant quelque chose de gentil ». Ajoutons que fixer l’horizon de 2050 et aussi le moyen de s’affranchir d’objectifs à plus court terme laissant ouverte la possibilité d’un dépassement temporaire alors que les points de bascule sont frôlés en Amazonie ou pour la calotte glaciaire du Groenland. En outre, la neutralité s’appuie sur une série de fausse solutions plus inefficaces, dangereuse et inégalitaires les unes que les autres : capture et séquestration du carbone, nucléaire, mécanisme de compensation… Cette dernière accapare terres et ressources des peuples du Sud pour compenser les émissions des plus riches : du pur colonialisme repeint en vert.
TotalEnergies, le nom de l’écoblanchiment capitaliste
Total sait depuis 1971 que le dérèglement climatique est une menace réelle et que le CO2 émis par les combustibles fossiles en est responsable. Après une longue période de silence, le groupe se lancera au début des années 1990, dans « la fabrique du doute » sur l’origine du réchauffement climatique et dans la mobilisation patronale contre l’écotaxe et contre toute velléité de freiner l’industrie fossile. À partir de 2006, c’est le tournant « développement durable » du groupe à grand renfort de com’, chartes, déclarations et conférences… Cependant la réalité fossile demeure : entre 2015 et 2019, Total a dépensé 77 milliards de dollars dans l’exploration et la production du pétrole et du gaz pour à peine 5 milliards de dollars les renouvelables. Et ça continue et continuera (si on le laisse faire) entre 2026 et 2030 près de 80 % des investissements seront réalisés dans le gaz et de pétrole, grâce à ses projets criminels : en Ouganda avec 400 puits et un l’oléoduc chauffé de 1 443 kilomètres menaçant plus de 30 000 personnes, en Arctique avec une augmentation de sa production de GNL…
Alors que les factures d’énergie pèsent de plus en plus lourd pour les plus modestes, TotalEnergies profite à fond de l’augmentation : son bénéfice net est multiplié par 23 sur un an, avec 4,6 milliards de dollars au troisième trimestre !
Alors faisons un geste pour le climat. Lançons une mobilisation unitaire pour exproprier TotalEnergies sans indemnité. Ce serait une avancée vers la socialisation de la production de l’énergie sous le contrôle des salariéEs – qui ont des solutions sociales et écologiques comme à Grandpuits – et des usagerEs, pour une transition réelle vers les renouvelables et la sobriété énergétique.