Publié le Dimanche 26 septembre 2021 à 10h00.

Deux ans après l’incendie de Lubrizol : un combat unitaire toujours déterminé

Manifestation le dimanche 26 septembre à l’occasion du deuxième anniversaire de l’incendie de Lubrizol.
Le NPA et Philippe Poutou seront présents lors de cette mobilisation.

Jeudi 26 septembre 2019, Rouen se réveillait sous un immense panache de fumée. Plus de 9 000 tonnes de produits dangereux et deux toitures en amiante partaient en fumée. Une pollution sans précédent : le nuage de fumée, avec ses composants cancérigènes, a survolé des centaines de communes.

Mensonges d’État

Dès le début du désastre, le préfet et le ministre de l’Intérieur Castaner ont minimisé son ampleur et le danger pesant sur la population exposée. Les mesures prises banalisent l’événement et laissent la « vie normale » se poursuivre. Il aura fallu plusieurs manifestations pour commencer à obtenir un minimum de transparence, dont la liste des produits partis en fumée. Le résultat des analyses montre clairement que la population a été polyexposée à des cancérogènes. Un peu d’amiante (un minima de 250 millions de milliards de fibres d’amiante libérées selon un rapport d’expertise), du benzène, du plomb, des hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), des dioxines, des furanes... Bref, une multitude de produits dangereux dont les interactions peuvent provoquer un effet cocktail avec des effets graves à long terme, dont des cancers. Les analyses sur le lait maternel ont montré un pic d’éthylbenzène et de xylène après l’incendie.

Malgré la demande du Sénat et celles répétées du collectif unitaire, le ministère de la Santé refuse la mise en place d’un registre des cancers et des malformations, seul outil permettant une éventuelle mise en visibilité des liens entre l’incendie et état de santé.

Un risque d’accidents industriels majeurs toujours très présent

Deux ans après l’incendie, rien n’a vraiment changé. À défaut d’un renforcement massif des contrôles, d’un durcissement de la réglementation et de la politique pénale, les capitalistes ont continué à mener les mêmes politiques basées sur la recherche maximum du profit, notamment en limitant les investissements en termes de sécurité. Après de multiples accidents et incendies en 2020, Rouen se réveillait début 2021 avec les odeurs nauséabondes provenant de l’entreprise Multisol, le préfet essayant de faire croire que l’odeur provenait des riverains brûlant du papier cadeau dans leurs cheminées ! Ces dernières semaines, nous avons connu en Seine-Maritime une explosion sur une canalisation à Exxon avec un blessé grave, deux incendies à Total Gonfreville, et un incendie majeur sur le site de Saipol à Grand-Couronne !

Le collectif unitaire « Vérité et Justice », regroupant notamment des organisations syndicales, de défense de l’environnement, de victimes de l’incendie ainsi que des partis politiques de gauche, a réussi à mettre en évidence que l’incendie de Lubrizol n’était pas un accident banal et vient de mettre en échec la multi­nationale qui reste maintenue en examen. Le combat pour obtenir la condamnation des auteurs du crime industriel et de l’État complice est encore long, la manifestation pour les deux ans doit y contribuer.