L’accaparement de 2,3 millions de m3 d’eau, c’est le grand projet de Limagrain dans la plaine de la Limagne (Puy-de-Dôme), et de 36 agriculteurs (le département compte 5 742 exploitations agricoles), qui pourrait être grassement subventionné par l’argent public.
Loin de la petite coopérative dont il est issu, le monstre de l’industrie « agricole » est depuis sa création le promoteur actif du productivisme dont la planète et les humains, et les paysans eux-mêmes, subissent les conséquences de plein fouet.
Limagrain et l’agriculture intensive
Quatrième semencier mondial, la multinationale française, en pointe de l’agro-industrie avec ses 2,5 milliards de chiffre d’affaires, a fini par soumettre les agriculteurs à son pouvoir : achat de semences, contrôle des méthodes de culture. La dépendance est totale.
Les terres locales sont déjà ravagées par la monoculture et par l’agriculture dite de « conservation » qui, pour éviter de labourer, tue toute la surface de la terre à grands coups de glyphosate. Cette technique empêche toute vie végétale ou animale : l’agriculture intensive épuise les sols et, dans un cercle vicieux, renforce sa propre dépendance aux intrants chimiques.
Privatisation de l’eau
Augmenter la production au service du profit, c’est l’objectif de ceux qui cherchent à privatiser l’eau. Pour les agriculteurs qui hésiteraient, la FNSEA martèle : grossir ou mourir. Grossir passe par le vol de l’eau pour faire pousser du maïs, inadapté au climat local, qui ira nourrir du bétail à l’autre bout du monde.
Près de Clermont-Ferrand, une autre multinationale surexploite déjà la ressource : Danone, pour l’eau de Volvic. Au fil des ans et face aux restrictions de consommation d’eau potable qui se multiplient pour les particulierEs, la grogne monte face à l’accaparement par le vendeur de bouteilles en plastique, qui ne semble pas connaître la crise qu’il alimente pour augmenter ses profits…
Une large mobilisation conviviale contre les mégabassines de Limagne
Le projet délirant de mégabassine(s) de Limagne est le plus grand de France : Sainte-Soline n’est tristement qu’une baignoire en comparaison... et ce, alors que depuis des années les nappes ne se reconstituent plus suffisamment. L’eau coule au robinet, mais pour combien de temps, et à quel prix, alors que déjà certains villages font face à la pénurie ?
Les réactionnaires et autres climatosceptiques tentent de faire croire au clivage « bobos des villes contre agriculteurEs ». Il n’en est rien, et la mobilisation de 6 500 manifestantEs le 11 mai l’a bien démontré : à l’initiative du collectif Bassines, Non merci 63, des Soulèvements de la Terre, de la Confédération paysanne, dont les tracteurs encadraient l’événement, des FaucheurEs volontaires et d’Extinction Rebellion, organisations syndicales du mouvement ouvrier, associations écologistes, partis de « toute la gauche » et surtout habitantEs de la campagne environnante et des villes étaient présentEs pour défendre la terre, l’eau et le vivant, dans une ambiance festive. Sans provocation policière, l’événement a pu se tenir dans la convivialité, rassemblant toutes les générations.
Nous empêcherons le premier coup de pelle !
Alors que la journée se terminait en musique, entre buvette et stands, le message des organisateurEs et des participantEs était clair : nous sommes là, et si le projet n’est pas abandonné, nous serons présentEs pour empêcher le premier coup de pelle !
La crise climatique nécessite de préserver les ressources naturelles, les sols, et de garantir l’accès de touTEs à une alimentation locale de qualité. Cela passe par une agriculture paysanne rémunératrice, débarrassée de la domination de l’agro-business et par la planification démocratique de la production industrielle en fonction des besoins, opposée à l’extractivisme. Pour la défense des communs, la mobilisation de masse peut gagner : No Bassaran !
FD et AM