La difficulté de s’y retrouver dans la communication abondante autour du glyphosate est le résultat conjugué, d’une part, de l’art consommé de la désinformation de Monsanto et, d’autre part, de l’incapacité des gouvernements et des élus européens à s’affronter aux groupes de la chimie et à l’agriculture industrielle.
Le glyphosate est un herbicide puissant, non sélectif, breveté en 1974 et commercialisé sous le nom de Roundup par Monsanto. Le groupe a aussi mis au point des semences génétiquement modifiées pour résister au Roundup, dites Roundup Ready (soja, coton, maïs, etc.). Cela lui permet de vendre aux agriculteurs à la fois l’OGM et le désherbant !
Effets néfastes pour la santé
Mais le glyphosate est déjà connu pour ses effets néfastes pour la santé. Il est par exemple une des causes de la maladie du rein qui frappe les paysanEs du Sri-Lanka. Il est classé comme cancérogène probable depuis mars 2015 par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), qui dépend de l’Organisation mondiale de la Santé. Face à cela, l’industrie chimique utilise toujours la même méthode : semer le doute. Faux scoop pour décrédibiliser l’étude du CIRC, nouvelle étude prétendument indépendante mais téléguidée par la firme… Les « Monsanto Papers » (un ensemble de mails internes révélés l’été dernier dans le cadre d’une plainte) prouvent que Monsanto a cherché à influencer les médias et la recherche scientifique afin de minimiser ou nier la toxicité du Roundup.
Le « Tribunal Monsanto », réuni les 15 et 16 octobre 2016 par des dizaines d’associations, a conclu que « si le crime d’écocide existait en droit international, alors les activités de Monsanto pourraient relever de cette infraction. » La pétition lancée par Greenpeace demandant l’interdiction des herbicides à base de glyphosate, la réduction jusqu’à l’élimination des pesticides ainsi que leur évaluation scientifique indépendante de l’industrie, a recueilli 1,3 million de signatures.
Urgent… d’attendre
L’affaire devrait donc être simple, la licence d’utilisation du glyphosate dans l’Union européenne expirant fin 2017 (après un report de 18 mois par la Commission européenne en juin 2016) : il suffirait de ne pas la renouveler. Mais le 25 octobre, les 28 États européens ont une nouvelle fois reporté la décision à une date ultérieure non précisée, n’étant pas parvenu à dégager une majorité. La Commission voulait autoriser à nouveau le glyphosate pour dix ans, avant de proposer une durée de cinq à sept ans, et désormais quatre ans. Le Parlement européen se prononce quant à lui, dans une résolution non contraignante, pour un renouvellement de l’autorisation pour… cinq ans. Et l’eurodéputé EÉLV Yannick Jadot de trouver que « le signal du Parlement européen est très fort » !
Et pendant ce temps-là, Monsanto continue de faire des profits, l’agriculture industrielle continue d’empoisonner les paysanEs, les aliments, et celles et ceux qui les consomment, les sols et l’eau…
Commission nationale écologie