Par un étrange effet de renversement des responsabilités, les gouvernements criminalisent toujours plus le mouvement écologiste et en particulier son pôle radical. Dans le même temps, États et entreprises poursuivent leur politique de fuite en avant anti-écologique et de terre brûlée pour faire tourner la machine à profits.
La criminalisation des écologistes croit à une allure extrême, souvent pour des futilités. Ainsi, à Toulouse deux militants de Dernière Rénovation ont été condamnés pour dégradation de poteaux de rugby auxquels ils s’étaient attachés avec des serflex. Parfois aussi pour des actions plus « musclées ».
Se développent aussi la surveillance permanente, le harcèlement politico-judiciaire sur la durée, comme à Bure ou aux bassines, les violences inqualifiables contre les manifestantEs (Sainte-Soline...), les enquêtes, les interpellations par l’antiterrorisme (la semaine dernière après l’action de « désarmement » contre une usine Lafarge en décembre). Mais aussi des arrestations de masse au Royaume-Uni ou au Pays-Bas (1 579 personnes interpellées en une seule action d’occupation routière par Extinction Rebellion.)
Les « écoterroristes », comme Darmanin qualifie les activistes écolos, donnent de forts maux de tête et du fil à retordre aux gouvernements. Pour cause, ces actions, en plus d’être des gestes de survie à court et long terme, sont aussi de puissantes actions politiques en cours de légitimation dans la société. Les capitalistes sont d’autant plus inquiets que ces actions s’en prennent à la propriété privée des criminels climatiques, de l’agrobusiness, du transport, du béton...
Se structurer, se souder, être solidaire
Tout porte à croire que ces actions de désarmement vont se multiplier au fur et à mesure de l’accroissement de la catastrophe écologique. On observe toutefois que presque aucune organisation politique, syndicale ou associative n’a appelé et/ou participé aux rassemblements de soutien aux arrêtéEs mercredi 7 juin, à la suite à l’opération contre Lafarge… Ces rassemblements ont rarement compté plus de quelques dizaines ou centaines de personnes, en fort décalage avec le puissant soutien officiel ou officieux à ce type d’actions ces derniers mois.
Face à la sévère répression en cours, la plus grande solidarité est de mise et doit se développer entre mouvements écologiste et ouvrier. Cela doit passer par des liens renforcés au sein de ces organisations mais aussi par la discussion, l’élaboration et la prise de décisions collectives, garantes de l’initiative démocratique. Des approches difficiles à porter et complexes à mettre en œuvre dans des situations d’actions directes de « désarmement » que prend le mouvement écologiste dans la période… Difficiles mais nécessaires pour développer l’écologie radicale dans la séquence qui s’ouvre.
Des arrestations à Andreas Malm
De manière assez surprenante, l’interrogatoire policier des arrêtéEs de Lafarge a en partie porté sur l’influence supposée sur le mouvement écologiste des écrits d’Andreas Malm, géographe et militant, et notamment son ouvrage Comment saboter un pipeline ? Dont nous conseillons la lecture, tant il est riche d’enseignements et de sujets de discussion.