Mardi 20 juin, le ministère de l’Intérieur a confirmé ce qu'il avait notifié aux représentantEs des Soulèvements de la Terre cinq jours plus tôt, à savoir sa volonté d’engager une procédure de dissolution du collectif écologiste, décision qui pourrait être formellement prise lors du Conseil des ministres ce mercredi 21 juin. Après les premières menaces de Darmanin en mars dernier au lendemain de la mobilisation de Sainte-Soline contre les mégabassines, le pouvoir confirme donc sa volonté d’utiliser l’arme de destruction massive contre les droits démocratiques qu’est la dissolution.
« Écoterroristes d’extrême gauche », accusés de commettre « des exactions ou de mettre en danger la sécurité publique » ou de harceler « les agriculteurs qui nous nourrissent »... Que n’a-t-on entendu ces derniers jours autour de la préparation de la mobilisation contre le Lyon-Turin pour préparer la répression qui a eu lieu sur place et la possible dissolution des Soulèvements de la Terre. Après les perquisitions et mise en garde à vue d’une quinzaine de militantEs le 5 juin, la chasse se poursuit et 18 personnes viennent d’être interpellées, notamment en Loire-Atlantique le 20 juin. La macronie, toujours au service des capitalistes du BTP ou de l’agrobusiness, préfère s’attaquer aux militantEs contre le réchauffement climatique. Personne ne s’en étonnera, car il y a bien longtemps que les dirigeants du monde entier ont renoncé à tout changement, toute rupture même partielle avec un système productiviste nuisible, pourtant condamné.
Hasard du calendrier, Macron annonçait dimanche l’entrée au Panthéon de Missak Manouchian, accompagné de son épouse Mélinée. Rescapé du génocide arménien, apatride et communiste, les actes de résistance de Missak Manouchian contre l’occupant nazi lui avaient valu de figurer sur la célèbre affiche de propagande nazie, « l’affiche rouge ». Celui dont Macron dit aujourd’hui qu’il porte « une part de notre grandeur » avait pourtant en son temps été qualifié de « terroriste », tout comme ses compagnons des FTP-MOI...
Comme quoi, si d’hier à aujourd’hui l’Histoire continue bien à être écrite par les puissants, son sens lui n’est que le produit du rapport de forces entre les défenseurs du système et celles et ceux qui veulent s’en libérer. Que les « (éco)terroristes » d’aujourd’hui puissent être les « libérateurs » de demain est une leçon que les puissants du monde entier feraient bien de méditer. Nous l’avons déjà faite nôtre. Et nous serons, en solidarité et en soutien, aux côtés des militantEs écologistes pour exiger leur libération immédiate et sans poursuite.