C’est par un petit appel d’offres pour un débroussaillage que le gouvernement Valls a mis le feu à la Zad de Notre-Dame-des-Landes...
«Il n’y avait aucune obligation juridique à lancer ces démarches à ce moment précis, explique un avocat des opposantEs. L’objectif pour les pouvoirs publics est de dire que les travaux ne sont pas gelés et que l’aéroport n’est pas abandonné. » Le Premier ministre voudrait siffler la fin de la partie à Notre-Dame-des-Landes en décrétant unilatéralement la fin de l’accord politique (et non juridique...) arraché par les grévistes de la faim en 2012. Le candidat Hollande avait alors temporisé en suspendant les travaux jusqu’à « la fin des recours juridiques ». Trêve rompue en février 2014 par la répression féroce d’une manifestation à Nantes, et plus récemment par des avis d’expulsion sur la Zad.
Une fenêtre de tir s’ouvre en effet pour le gouvernement en janvier prochain, après les élections régionales, pour une opération d’expulsion massive. Est-ce pour autant un prélude au début des travaux du futur aéroport ? Rien n’est moins sûr.
La répression comme seule politique
L’enjeu n’est pas tant l’aéroport que ce qu’il représente : d’abord l’illusion d’un développement économique régional et de prétendues créations d’emplois. Illusion bien nécessaire au vu du bilan désastreux du gouvernement et de finances nationales et locales exsangues. Ensuite, parce que la vaste solidarité qui s’est développée autour de l’occupation de la Zad lui est insupportable. L’État ne peut admettre qu’un territoire lui échappe en partie, échappe à ses appendices locaux (des « collectivités locales » si peu démocratiques), échappe aux capitalistes intéressés par la construction de l’aéroport, échappe à ses flics.
Autour de Notre-Dame-des-Landes, l’État n’a plus aucune légitimité démocratique, économique : il ne lui reste que la force. La répression est sa seule politique. Si le gouvernement intervient à Notre-Dame-des-Landes, ce sera avant tout pour expulser la Zad, pas pour construire un aéroport dont personne n’a besoin.
Mais ce ne sont pas les attaques juridiques, policières et politiques, qui viendront à bout de résistances construites depuis plus de 40 ans et de la conviction profonde que le mouvement résistera par tous les moyens et jusqu’au bout. Le mouvement contre l’aéroport n’est jamais aussi uni que lorsque le gouvernement l’agresse. Il est prêt depuis longtemps à défendre la Zad, et les premières assemblées suite aux déclarations de Valls ont été massives.
Cap sur la COP21 : en convoi au Bourget
Illusionniste, le gouvernement l’est aussi sur l’environnement. Sa nouvelle provocation a au moins le mérite de mettre au grand jour que la grand-messe de la COP21 est une mascarade. Les manifestations de novembre-décembre pour la contester s’annoncent massives. Il se cherche d’ores et déjà un ennemi acceptable : ses opposantEs les plus radicaux. D’où les articles de presse de commande sur des « blackblocks » qui « s’entraîneraient » à Pont-de-Buis (29) avant de déferler sur la capitale... On annonce déjà des contrôles aux frontières, on se prépare peut-être à faire dégénérer les manifestations, pour mieux intervenir ensuite sur la Zad.
Mais le mouvement contre l’aéroport n’est pas dupe : c’est dans l’unité la plus large (30 comités de soutien, associations, syndicats et partis, dont le NPA) qu’il mettra le cap sur la COP21. Un convoi de tracteurs et de vélos partira le 21 novembre de Notre-Dame-des-Landes pour rejoindre Paris en même temps que d’autres marches, cela à la veille des manifestations du 29 novembre.
Bertrand Achel
Cap sur la COP21: http ://marchesurlacop.noblogs.org/